P-au-P, 04 juin 2015 [AlterPresse] --- « Pour parvenir à la décentralisation, il faut remettre les pieds sur terre pour rejoindre les collectivités territoriales » fait savoir le professeur Jean Rénol Elie, lors d’une conférence-débat autour de la problématique de la décentralisation en Haïti, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
« Le rôle des collectivités territoriales dans le processus de la décentralisation » a été le thème de cette conférence-débat, réalisée, le vendredi 29 mai 2015, par la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh).
Le professeur Elie met particulièrement en lumière les faiblesses de l’Etat haïtien dans le processus de la décentralisation.
« Installer l’annexe d’une institution de l’Etat dans un autre département, ce n’est pas la décentralisation. La décentralisation, c’est la capacité pour la collectivité territoriale, dans les limites de ses attributions, de prendre des décisions », explique Jean Renol Elie, coordonnateur de la Faculté des sciences humaines (Fasch) de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh).
La décentralisation devrait être un objectif moyen, permettant de s’acheminer vers un autre objectif plus profond, qui est la démocratie participative.
La collectivité territoriale est l’instance appelée à donner chair, sur le terrain, à la décentralisation. Tel est, via la collectivité territoriale, l’aspect pratique de la décentralisation.
« Seul le pouvoir central a la possibilité de poser certains actes. La décentralisation ne veut pas dire qu’il n’y a pas de pouvoir central. Dans certains endroits, le pouvoir central doit accompagner le pouvoir local », souligne le professeur Jean Renol Elie.
C’est à la faveur de l’élaboration et de l’adoption de la Constitution de 1987, à la suite du renversement du régime des Duvalier, qu’a pu avoir lieu un virage vers la décentralisation, sans, pour autant, devenir concret.
Depuis 1843, le pays marche à reculons en matière de décentralisation.
Chaque fois qu’il y a eu des avancées, des régressions sont venues tout remettre en question.
« La centralisation a commencé en 1915, avec l’occupation américaine. Il y avait des raisons pour qu’il ait plus de contrôle du pays. [Aujourd’hui, en 2015], la centralisation devient outrancière au point que certaines personnes parlent de la République de Port-au-Prince », rappelle Jean Renol Elie.
87% de l’épargne nationale est concentrée dans la capitale, Port-au-Prince.
C’est pour cela que lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010, le pays a beaucoup souffert économiquement, signale Elie. [jep kft rc apr 04/06/2015 1:30]