P-au-P, 21 mai 2015 [AlterPresse] --- Les dirigeants haïtiens devraient formuler, à leurs homologues dominicains, la demande d’un moratoire sur une éventuelle déportation, en juin prochain, de migrants haïtiens vivant en terre dominicaine, estime un groupe de missionnaires chrétiens haïtiens, lors d’une conférence de presse le 20 mai.
Le Plan national de régularisation des étrangers (Pnre), mis en œuvre par les autorités dominicaines depuis le 2 juin 2014, vise à régulariser toutes les personnes considérées comme des étrangers en territoire dominicain.
L’application de ce plan arrive à terme le 15 juin 2015.
À partir de cette date, les autorités dominicaines prévoient de commencer une vague de rapatriements, dans laquelle se retrouveront des milliers de migrants haïtiens, évoluant sans papiers en terre dominicaine, mais éventuellement aussi des Dominicains dénationalisés.
Au cours d’une évaluation de ces missionnaires en République Dominicaine, ils ont compris que les migrants haïtiens - se trouvant dans des conditions de sans papiers - « sont très inquiets » face à cette éventuelle prochaine vague de déportations.
Considérant le niveau d’inquiétude de ces Haïtiens en République Dominicaine, le pasteur Joël Exantus, vivant en France, membre de la délégation, parle d’une « situation alarmante », au cours de la conférence donnée au local de la Plateforme des organisations de défense des droits humains (Pohdh).
« Il faut se mettre ensemble pour demander un moratoire ! », insistent les membres de la délégation.
Les déportations d’Haïtiennes et d’Haïtiens de la République Dominicaine se font généralement avec violence. En général, ces migrants se voient privés de leurs droits de récupérer leurs biens.
Ces Haïtiens dans les ‘’bateyes’’ ou dans certains quartiers dominicains n’ont pas pu bénéficier du Pnre, vu qu’ils n’ont pas de documents, justifiant qu’ils sont des Haïtiennes et des Haïtiens.
Le programme d’identification et de documentation des immigrants haïtiens (Pidih), lancé par les dirigeants haïtiens le 21 juillet 2014, « atteint à peine les Haïtiens vivant en République Dominicaine », dixit Ruffine Labbé, ancienne députée de la dernière législature (49e), également membre de cette mission.
Le Pidih visait à donner des documents d’identification - dont des cartes d’identification nationale (Cin), des passeports et des extraits d’acte de naissance - aux citoyennes et citoyens haïtiens, résidant dans la partie Est de l’île d’Haïti.
Mais à date (mai 2015), seulement 2,000 passeports sont livrés suivant des informations communiquées par le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).
Esther Dupervil, également membre de la mission, chercheure sur les questions de droits humains, vivant en Georgie (États-Unis d’Amérique), considère aussi qu’il y a « un manque de communication entre les autorités dominicaines et haïtiennes ».
Le moratoire demandé concerne les 7 à 8 mille migrants haïtiens, non pas les Dominicains d’origine haïtienne dénationalisés par l’arrêt 168-13 adopté par la cour constitutionnelle dominicaine le 23 septembre 2013, tient à préciser le secrétaire exécutif de la Pohdh, Antonal Mortimé.
Pour ces Dominicains, il faut tout simplement « annuler » l’arrêt en question.
Cette mesure de la cour constitutionnelle dominicaine a déchu de la nationalité dominicaine, de manière rétroactive, toutes les Dominicaines et tous les Dominicains nés de parents étrangers, à partir de 1929, sur le territoire dominicain.
Le Garr et la Pohdh se disent « sceptiques » quant à l’existence et l’application d’un éventuel plan de contingence dont les autorités haïtiennes disent disposer. [srh kft gp apr 21/05/2015 9 :00]