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Gonaives : Aide humanitaire au ralenti à cause de la violence

Par Christian Leduc

P-a-P., 18 oct. 04 [AlterPresse] --- L’acheminement de l’aide humanitaire aux victimes de l’Ouragan Jeanne dans le nord d’Haiti continue tant bien que mal malgré les montées de violence éprouvées depuis les dernières semaines dans la capitale et aux Gonaïves, ont indiqué à AlterPresse le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et le réseau des Oxfam en Haïti.

Les actes de violence ont cependant considérablement ralenti l’arrivée des vivres au port de Port-Au-Prince, un des secteurs à risque de la ville. En deux semaines, le PAM n’a été capable de récupérer que 22 des 135 containers sur place, la moyenne étant habituellement de dix à quinze par jour. Le PAM ne peut pas non plus utiliser les autres ports d’Haïti, puisque leurs capacités sont insuffisantes pour la quantité de vivres que l’organisation compte recueillir.

« Les ports haïtiens, comme celui de Cap-Haïtien, n’ont pas les infrastructures nécessaires pour recevoir les 300 containers qui doivent arriver sous peu », a déclaré à AlterPresse Guy Gauvreau, représentant du PAM en Haïti.

Ces problèmes ont donc poussé le PAM à chercher d’autres alternatives pour acheminer la nourriture aux villes de Gonaïves et de Port-De-Paix. L’organisation compte désormais utiliser les infrastructures portuaires de la République Dominicaine, pays voisin d’Haïti sur l’île d’Hispaniola.

1.650 tonnes de vivres ont déjà été acheminées par le PAM aux régions de Gonaïves et de Port-de-Paix depuis le 18 septembre 2004, date des inondations qui ont fait, selon un récent bilan revu à la baisse, 2720 morts et disparus.

OXFAM a, pour sa part, suspendu temporairement ses activités aux Gonaïves, sauf en ce qui concerne la distribution de l’eau potable à la population.

« Même si nous ne sommes pas directement la cible d’actes de violence, la situation générale reste très volatile. Nous croyons cependant être en mesure de reprendre nos activités principales d’ici les prochains jours », a déclaré Mme Maite Alvarez, agente de communication d’Oxfam à Haïti.

« La sécurité est essentielle pour que l’aide humanitaire puisse se dérouler sans heurts », ont estimé les ONG dans un message commun adressé à la communauté de Gonaïves et aux différents groupes armés de la région.

Six des onze ONG présentes aux Gonaïves ont été attaquées récemment par des groupes d’hommes en colère. Un consultant en sécurité d’Oxfam doit arriver sous peu du Royaume-Uni pour évaluer la situation.

La population des Gonaïves, dont « seulement 10% (Â…) reçoivent actuellement de l’eau potable et des vivres, est visiblement en colère et affligée alors que des dizaines de milliers de personnes demeurent sans abri », selon un compte-rendu préliminaire de la situation transmis à AlterPresse par Oxfam.

Oxfam compte amorcer, dans deux semaines, une nouvelle campagne pour la santé et l’hygiène dans la ville inondée, a annoncé à AlterPresse la responsable de communication de l’organisation.

De plus, Oxfam devrait bientôt améliorer ses services en matière de distribution de l’eau potable avec l’ajout d’une machine permettant de purifier sept mètres cubiques d’eau par heure. L’organisation tentera aussi de remettre en état trois puits gouvernementaux touchés par les inondations, a précisé à AlterPresse Maite Alvarez.

De son côté, le PAM envisage de poursuivre dans les prochains jours l’acheminement de vivres à la population de la ville, accentuant par la suite davantage l’aide aux personnes les plus vulnérables comme les femmes enceintes ou les enfants. L’objectif poursuivi par le PAM consiste à pouvoir assister plus de 100,000 personnes durant les cinq mois à venir, selon le dernier bilan de l’organisation publié le 15 octobre. [cl rc apr 19-10-04 15:00]