Déclaration signée par 22 journalistes haïtiens et dominicains à l’issue d’un rencontre d’échange à Port-au-Prince du 8 au 10 mai 2015
Document repris par AlterPresse
Nous journalistes Haïtiens et Dominicains réunis à Port-au-Prince du 8 au 10 mai 2015, nous nous engageons à œuvrer pour un climat de fraternité, de réconciliation et de compréhension afin de surmonter les désaccords passés entre nos deux nations et de construire un avenir de pleine collaboration pour le développement intégral, la justice et la paix.
Nous comprenons que nos deux pays jumelés par la géographie et le voisinage sont obligés de ce fait de s’entendre, de collaborer mutuellement en dépassant les chapitres historiques qui ont produit ressentiments, préjudices et exclusion.
Nous avons comme peuples et comme nations nos particularités cependant nous partageons des racines communes, des attentes similaires que nous devons reconnaître et assumer.
Nos pays ne peuvent pas vivre dos à dos dans les limites restreintes de cette Ile alors que ce qui prédomine aujourd’hui dans le monde, c’est la collaboration entre les nations.
Haïti et la République Dominicaine ont souscrit à des accords régionaux pour le commerce et le développement. Au regard de cette réalité, nous exhortons les autorités et les classes dirigeantes de nos pays à faire preuve d’une plus grande volonté afin de rendre effective la Commission Mixte formée il y a près de vingt ans déjà. Ce mécanisme facilitera la concrétisation d’accords multiples et la coopération dans le domaine de la migration, du commerce, de la protection de l’environnement, de la sécurité, des investissements, de l’éducation, de la santé, entre autres.
Nous reconnaissons la délicatesse du thème migratoire, la nécessité d’adoption de politique de régulation du flux des migrants ainsi que les limites à y imposer. En même temps, il convient finalement de reconnaître la contribution des immigrants à la production et à l’économie globale ce qui leur donne droit à un traitement conforme à la dignité humaine et aux droits reconnus universellement, comme consacrés d’ailleurs par les conventions internationales dont nos deux pays sont signataires. Haïti et la République Dominicaine sont des pays d’immigrants avec environ trois millions de nos compatriotes vivant dans d’autres nations. Cette situation est une raison de plus pour nous porter à assumer intégralement la problématique migratoire.
Nous reconnaissons comme positives certaines initiatives des gouvernements, de groupes d’entrepreneurs et d’organisations de la société civile faisant la promotion de l’entente et de la mise en place de projets communs de développement.
Les médias et les journalistes ont un rôle fondamental à jouer dans la promotion d’une culture de respect, de tolérance et de concorde entre les deux pays se partagent l’Ile. Ils doivent également contribuer à la promotion de la vérité et de l’objectivité dans la diffusion des informations. La presse ne doit jamais être le vecteur de manipulations de l’information capable d’empoisonner les relations entre les deux peuples.
Comme journalistes, nous défendons la liberté d’expression et le libre accès à l’information. Nous rejetons toutes les manifestations d’intolérance et nous comprenons clairement que les expressions de la haine, l’incitation à la violence ne reflètent en rien les opinions de l’ensemble des médias ni celles des journalistes et encore moins celles de nos deux peuples.
En considérant les efforts déjà réalisés au cours des dernières décennies pour rapprocher la presse des deux pays, nous convenons qu’il est indispensable de les poursuivre sans cassure. Aussi, nous nous engageons à promouvoir des initiatives ponctuelles pouvant contribuer à l’augmentation des échanges d’informations et à renforcer les liens entre les moyens de communication d’Haïti et de la République Dominicaine, pour concrétiser nos objectifs. Pour cela, nous avons mis sur pied une commission binationale permanente qui prendra en compte les suggestions émises au cours de cette rencontre et qui figurent comme annexe de la présente déclaration.
Port-au-Prince, le 10 mai 2015
Suivent les signatures :
Ramon Emilio Colombo
Ives Marie Chanel
Jean-Michel Caroit
Margarita Cordero
Juan Bolivar Díaz
Hérold Jean-François
Maria Isabel Soldevila
Gotson Pierre
Fausto Rosario Adames
Sophar Sanon
Amelia Deschamps
Jean Rommel Pierre
Altagracia Salazar
Kendi Zidor
Alanna Lockward
Marc Garcia
José Luis Soto
Vénel Remarais
Bienvenido Scharboy
Patrick Saint-Pré
Victor Pizzaro
Louis Joseph Olivier