Correspondance Ronel Odatte
Hinche, 30 avril 2015 [AlterPresse] --- Pour beaucoup de jeunes universitaires ou diplômés,au Plateau central, l’issue est dans les petits boulots ou l’exode, alors que les programmes à prétention sociale du gouvernement haïtien sont loin d’apporter une solution à une situation économique qui se dégrade.
De Belladère à Mirebalais, de Hinche à Maissade, les jeunes diplômés n’ont qu’une préoccupation : le chômage.
Le vendredi 25 avril, il est 11 heures du matin, des dizaines de demandeurs d’emploi sont massés devant les locaux d’une Organisation non gouvernementale (Ong) à Hinche, cherchant à se faire embaucher.
Cette Ong a bel et bien publié un avis de recrutement, mais seulement pour 12 personnes.
Interrogé par l’agence en ligne AlterPresse, un jeune aspirant économiste confirme qu’il vient juste d’appliquer pour le poste de gardien.
Un autre étudiant en agronomie soutient que lui aussi s’intéresse à ce poste de gardien.
« Il y a du travail pour les infirmières et d’autres agents de santé et des personnes qui s’occupent de la question de l’eau… Mais c’est beaucoup plus facile d’obtenir le travail de gardien », dit l’un d’entre eux.
Tous les matins, des dizaines de jeunes professionnels et universitaires défilent au bureau de cette Ong.
Au complexe administratif de Hinche, où logent toutes les institutions publiques, c’est la même ambiance. Des jeunes cherchent du travail.
Mardi 28 avril 2015, AterPresse a mené une mini-investigation auprès de plusieurs familles hinchoises.
Sur 10 personnes interrogées, 8 ne travaillent pas, alors que les deux autres se disent en chômage déguisé, autrement dit leur salaire ne leur permet pas de vivre décemment.
Certains étudianteset certains étudiants arrivent à se débrouiller en travaillant dans les restaurants ou les épiceries.
« J’étudie les sciences infirmières à l’université Jean Price Mars. Je suis en troisième année et je paie les frais scolaires grâce a mon boulot », explique une jeune femme de 29 ans.
Un job - dans un restaurant comme serveuse ou comme gardien dans un établissement à Hinche - n’est, néanmoins, pas facile à trouver, pas plus que décrocher un emploi après des études de médecine, d’agronomie ou d’infirmière.
Le chômage a causé un exode massif vers les villes au Plateau central.
De jeunes travailleurs paysans ont déposé leurs houes et leurs machettes pour se convertir en chauffeurs de taxis-motos, vendeurs ambulants d’eau en sachets et de boissons gazeuses.
Certaines sections communales du Plateau central sont à l’abandon.
La mendicité est, dans certains cas, un recours, quand ces jeunes ne tombent pas dans l’alcool voire la prostitution.
« J’ai terminé mes études de droit il y a 3 ans. Je n’ai jamais trouvé de boulot. Alors, je suis prêt à tout faire : même le travail d’un gardien ou d’agent de sécurité me sera utile », confie un jeune homme de 27 ans, qui vient tout juste d’avoir un petit garçon. [ro kft gp apr 30/04/2015 12:30]