Par Stephen Ralph Henri
P-au-P, 30 avril 2015 [AlterPresse] --- Pour marquer ses 4 années d’existence, la maison C3 éditions organise, du vendredi 1er au dimanche 3 mai 2015, au lycée de Pétionville (à l’est de la capitale), son premier salon international du livre, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
Une quinzaine de nouvelles parutions, dont de 2 auteurs étrangers, et diverses manifestations culturelles sont prévues.
Le journaliste et écrivain français Marc Menant (né le 11 février 1949) et le photographe italien Francesco Gattoni (né à Rome en 1956) sont les deux invités spéciaux.
Marc Menant guide les yeux et les cœurs des lectrices et lecteurs, à travers les avenues de l’histoire d’Haïti, au moyen de son œuvre titrée « Haïti, le peuple de la liberté ».
Sont mis à l’honneur les Héros de l’indépendance nationale, « qui n’ont jamais failli à leur éthique » et qui n’ont jamais négocié avec « le blanc ».
François Mackandal [1], Lamour Desrances [2] et Dutty Boukman dit Boukman [3], entre autres, sont parmi ces figures très peu connues ou pas connues, qui ont retransmis le sens de la liberté à ces humains venus d’Afrique, mais vendus comme des bêtes.
Ils sont les premiers à « déclencher » la mouvance des combats pour la liberté des esclaves, mais « qui ne sont pas été glorifiés », déplore Menant, lors de la conférence de presse, le mardi 29 avril 2015, de lancement du salon international du livre de C3 éditions.
Marc Menant voit les Haïtiennes et Haïtiens comme ce peuple qui « s’est défait de la toute puissance du blanc », qui n’est « jamais résigné ». Des gens, porteurs d’ « une ténacité, une joie et une gaieté ».
« On ne peut contourner le peuple haïtien si on parle de liberté », reconnaît Menant.
Hommage aux Haïtiens, à leur charme et à leur dignité
« Haïti, en lettres et en images » est cet ouvrage, réalisé, par le photographe italien Francesco Gattoni, pour rendre hommage aux actuels héros du quotidien haïtien, de l’écolier en uniforme transportant son sourire, en passant par la beauté des paysages et certains traits subtils de la culture haïtienne.
Essentiellement constitué de photos, de textes rédigés par Yahia Belaskri [4], l’ouvrage « Haïti, en lettres et en images » est, pour Gattoni, une « façon de rendre hommage au peuple haïtien », selon ce qu’il a indiqué lors de la conférence de presse du 29 avril 2015.
C’est la manifestation de « son désir de rendre hommage aux Haïtiens, à leur charme et leur dignité ».
Conférences-débats, foire de livres publiés chez C3 éditions, exposition de peintures, d’œuvres en fer découpé, séances de ventes-signatures et concerts musicaux seront la toile de fond du salon international du livre de C3 éditions, du vendredi 1er au dimanche 3 mai 2014 à Pétionville.
« Il faut s’ouvrir à la culture en général », préconise l’écrivain haïtien Gary Victor, qui a pris la parole au nom de C3 éditions.
« Il y a toujours une passerelle entre les arts », poursuit Gary Victor.
L’écrivain Gary Victor sera également présent avec « Albert Buron, Anthologie », son recueil de plus d’une trentaine de nouvelles, dont le premier remonte au temps (1979) de la dictature des Duvalier.
À travers cette œuvre, Gary Victor fait une « photographie de l’intellectuel et politicien » haïtien.
Il jette « un regard très acide et réel » sur le politique et intellectuel, en partant de faits vécus ».
Le salon international du livre, du 1er au 3 mai 2015, sera également marqué par des projections de documentaires, dont deux du cinéaste haïtien Arnold Antonin sur les écrivains et artistes Jacques Roumain et Frankétienne. [srh kft rc apr 30/04/2015 8:40]
[1] François Mackandal est considéré comme l’un des premiers leaders du vodou. Né en Guinée, il fut exécuté au Cap-Haïtien le 27 janvier 1758.
[2] Un des premiers à s’insurger contre l’armée française, Lamour Desrances naquit en Afrique. Il refusa, en février 1803, de reconnaître Dessalines en tant que général en chef de l’Armée Indigène. Il fut arrêté le 4 juin 1803.
[3] Personnage historique dans l’histoire d’Haïti, Dutty Boukman naquit en Jamaïque et périt au combat, à la tète de ses troupes, lors du soulèvement général des esclaves dans le Nord.
La nuit du 14 août 1791, Dutty Boukman y organise une cérémonie vaudoue pour un grand nombre d’esclaves. La prêtresse Mambo, Cécile Fatiman, plonge un couteau dans un cochon noir créole sacrifié, et les assistants boivent son sang afin de devenir invulnérables. Boukman ordonne alors le soulèvement général. En rassemblant les différentes tribus africaines dans leur quête de liberté, le vaudou est ainsi un catalyseur dans la révolte des esclaves de Saint-Domingue.
Ce soulèvement a lieu la nuit du 21 au 22 août 1791, où les esclaves de cinq habitations brûlent celles-ci et massacrent les Blancs, femmes et enfants compris. Pendant une dizaine de jours, la plaine du Nord est en flammes. On décompte près de 1,000 Blancs assassinés, 161 sucreries et 1,200 caféières brûlées.
La cérémonie du Bois-Caïman - situé dans l’habitation Lenormand de Mézy, non loin du Cap-Haïtien -, la nuit du 14 août 1791, est vue comme le point de départ collectif de la révolution et de la guerre d’indépendance nationale d’Haïti contre le système esclavagiste.
En référence au soulèvement général des esclaves de la colonie de Saint-Domingue, le Fonds des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a choisi la date du 23 août comme comme « Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition ».
[4] Né à Oran (Algérie) en 1952, Yahia Belaskri est journaliste, romancier, nouvelliste et essayiste.
Après des études de sociologie, il est responsable des ressources humaines dans plusieurs entreprises algériennes, puis se tourne vers le journalisme. Un an après les émeutes d’octobre 1988, il décide de s’installer en France.