P-au-P, 14 mai 2015 [AlterPresse] --- Malgré certains progrès enregistrés, beaucoup reste encore à faire pour garantir l’accès universel aux soins de santé en Haïti.
C’est ce qui ressort d’une conférence internationale, tenue en Haïti, à la fin d’avril 2015, sur « L’accès aux soins de santé pour tous en Haïti - Défis et perspectives pour son financement ».
Cette conférence internationale visait à « impliquer les principales parties prenantes, en vue de créer un engagement et une impulsion en faveur d’une stratégie de financement de la santé en Haïti, qui soit cohérente avec la politique nationale de la santé (Pns) du pays et qui contribue à la mise en place progressive d’une couverture sanitaire universelle (Csu) », ambitionnait le Ministère de la santé publique et de la population (Mspp).
Plus de trois cents personnalités et professionnels de la santé ont participé à cette conférence internationale.
En plus des partenaires externes de la santé publique, les intervenants ont été amenés à jouer un rôle essentiel dans l’élaboration et dans la mise en œuvre d’une stratégie de financement de la santé en Haïti.
Le pays a progressé…
Haïti a accompli des progrès sur certains indicateurs de santé, comme la réduction de la prévalence du Sida, dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement, indique un rapport publié sur Haïti.
Au moins 16 hôpitaux et 47 centres de santé ont été réhabilités et/ou construits durant les dernières années.
« Au-delà des immeubles, l’amélioration stratégique des services de santé a permis la réduction du taux de mortalité maternelle à 350, pour mille naissances vivantes en 2012, contre 680 pour mille naissances vivantes en 2010. Le taux de mortalité infantile est près de 59 pour mille, et le taux de traitement de la tuberculose atteint près de 83% », fait savoir le premier ministre Evans Paul.
Les dépenses publiques en santé sont passées d’1,8 milliard de gourdes (US $ 1.00 = 48.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui), en 2009, à une moyenne de 2,3 milliards de gourdes, entre 2010 et 2013.
« Garantir les soins de santé à tous les citoyens est le devoir des gouvernants, face aux défis de l’accessibilité des gouvernés par rapport aux ressources disponibles. Nous devons innover dans la structure de l’offre des services de santé et rester solidairement responsables pour répondre à la demande des services », souhaite Evans Paul.
…mais presque tout reste à faire
Le fait est qu’il reste beaucoup à faire pour garantir l’accès universel aux soins de santé en Haïti, à l’heure où l’Organisation des Nations Unies va se réunir, en septembre 2015, pour parler d’objectifs de développement durable, dont l’agenda post-2015.
« Nous sommes loin, et même très loin de nos objectifs. Il y a encore beaucoup de questions, pour lesquelles nous n’avons pas encore trouvé des réponses collectivement en tant que peuple », reconnaît la titulaire du Mspp, Florence Duperval Guillaume.
« Comment l’Etat peut-il mieux contribuer à la santé, lorsque 7% des dépenses en santé proviennent de l’Etat ? Et comment l’Etat peut-il sortir de 5 dollars de contribution de santé par habitant, en considérant le fait que la responsabilité étatique ne peut pas être transférée, même si nous devrions, tous, être des acteurs dans cette recherche de système de santé ? » se questionne-t-elle.
Face à l’imminence de la réduction de l’aide externe, des interrogations fusent sur les mécanismes, à mettre en place par les institutions étatiques, pour rétablir progressivement et maintenir la confiance chez les communanutés.
Non encore persuadées d’investir dans leur sécurité sanitaire et économique, les élites financières nationales pencheraient davantage à dépenser, annuellement, environ 30 millions de dollars américains pour l’éducation et les services médicaux à l’extérieur d’Haïti.
En 2015, près de 40 % de la population n’a pas accès à des soins de santé primaires en Haïti, selon les données d’une récente enquête. [jep kft rc apr 14/05/2015 8:25]
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