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Haïti-Sécurité alimentaire : Situation alarmante mais stable, constate la Cnsa

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 27 avril 2015 [AlterPresse] --- Même si une certaine stabilité est enregistrée à l’échelle nationale, l’amélioration des conditions de sécurité alimentaire est lente, analyse le directeur de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), Gary Mathieu, dans une interview accordée à AlterPresse ce lundi 27 avril.

La situation n’a ni empiré, ni réellement amélioré, souligne l’ingénieur-agronome, relevant, en termes de tendance, une certaine stabilité, depuis 2013 et 2014, en ce qui concerne la sécurité alimentaire.

Il y a, tout de même, lieu de s’alarmer, estime la Cnsa, plaidant pour une réduction graduelle du nombre de personnes en insécurité alimentaire en Haïti.

3 millions de gens se trouvent en insécurité alimentaire, selon les estimations de la Cnsa.

Fin 2014, la Coordination nationale de la sécurité alimentaire annonçait une hausse de l’insécurité alimentaire pour début 2015.

En Haïti, il existe entre 600 mille à 1 million de personnes, réparties dans les 140 communes, qui se retrouvent, généralement, dans une insécurité alimentaire élevée, rappelle Gary Mathieu.

Ces gens sont localisés, pour la plupart, dans des communes classées vulnérables, situées dans le bas Nord-Ouest, l’arrondissement de Belle Anse (Sud Est), à la Gonâve (l’Ouest), dans le haut Artibonite et le Plateau Central (Centre).

La sécheresse continue d’entraîner une perte des semences, plantées dans le Plateau central, et, du coup, une insécurité alimentaire aiguë, signale le porte-parole du Mouvement national des paysans du congrès de Papaye (sigle créole Mpnkp) et également du Mouvement des paysans de Papaye (Mpp), Chavannes Jean-Baptiste.

Les vivres, comme le manioc et la patate douce, se font de plus en plus rares, rapporte Jean-Baptiste, signalant de petits soulagements dans le département du Plateau central, avec l’apparition (depuis février 2015) de diverses variétés de mangues.

« Même si la pluie tombe au mois de mai, l’insécurité alimentaire se poursuivra jusqu’au mois d’août », augure le Mpnkp, relevant « combien les actions du gouvernement », dans le cadre de la campagne de printemps 2015, ont, plutôt, « accouché d’une souris ».

Les récoltes de cette campagne de printemps (2015) représentent environ 50% de la production annuelle au niveau national, selon la Cnsa.

A part quelques distributions de marmites de pois, aucune campagne agricole importante n’a été effectuée par le gouvernement actuel, fustige le Mpnkp.

Il est extrêmement important, pour le Ministère de l’agriculture et du développement rural (Marndr), d’investir davantage, au cours de la saison de printemps, en vue d’augmenter la production alimentaire, espère la Cnsa.

La Cnsa appelle à la mise en place d’un programme de protection sociale, pour les familles les plus vulnérables, susceptible de leur permettre de bénéficier d’emplois durables, de soins de santé et d’éducation.

Elle encourage la poursuite de la politique de stabilisation des prix, adoptée, en septembre 2012, après la création d’une commission de stabilisation des prix, sous l’ancien premier ministre Laurent Salvador Lamothe.

« Le climat n’est pas trop favorable à une amélioration des conditions de sécurité alimentaire, ceci pour différentes régions du pays », indique un bulletin d’avril 2015, publié sur le site de la Cnsa.

A cause de la perte des récoltes d’automne et d’hiver, de nombreuses zones dans la péninsule du Sud, l’Ouest, le Nord et le Plateau central se retrouvent en situation de stress, pouvant s’étendre jusqu’au mois de juin (2015), donc jusqu’aux prochaines récoltes, précise le bulletin de la Cnsa.

« Un suivi très soutenu de la situation alimentaire est, toutefois, nécessaire dans le bas Nord-Ouest et certaines communes dans le Sud-Est, où des conditions climatiques adverses font grimper rapidement l’insécurité alimentaire parmi les ménages pauvres », recommande la Cnsa.

En mars 2015, des représentants d’organisations paysannes ont alerté sur une terrible insécurité alimentaire qui sévit, notamment dans la paysannerie, en Haïti. [emb kft rc apr 27/04/2015 14:35]