Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 17 avril 2015 [AlterPresse] --- « En 2050, la disponibilité en eau diminuera dans certaines parties du monde, menaçant la sécurité alimentaire et les moyens d’existence »
C’est ce qui ressort d’un rapport diffusé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et le Conseil mondial de l’eau (Cme), en date du 14 avril 2015, à l’occasion du 7e Forum mondial de l’eau qui se tient à Daegu et Gyeongbuk, en Corée du Sud, du dimanche 12 au vendredi 17 avril 2015.
Ce forum represente le plus grand événement international, visant à trouver des solutions communes aux nombreux défis qui se posent au niveau mondial, en rapport à l’eau.
En 2050, la population mondiale dépassera les neuf milliards d’habitantes et d’habitants.
La disponibilité en eau dans de nombreuses régions, en particulier dans les pays en développement, sera réduite à cause de la surconsommation, de la dégradation des ressources et de l’impact du changement climatique, indique le rapport intitulé « Towards a water and food secure future » (Vers un avenir sûr en eau et nourriture).
Le document de la Fao et du Cme plaide pour la mise en place de meilleures politiques et plus d’investissements, notamment l’adaptation de l’agriculture au changement climatique.
« Les politiques et les investissements des secteurs public et privé doivent faire en sorte que les cultures, le bétail et le poisson soient produits de manière durable et en sauvegardant les ressources en eau », souligne le rapport.
Ces actions permettront de réduire la pauvreté, d’accroître les revenus et d’assurer la sécurité alimentaire à de nombreuses personnes vivant dans les zones rurales et urbainesl.
En élaborant des approches locales et en faisant de bons investissements, les dirigeants mondiaux seront en mesure de garantir assez d’eau en volume, qualité et accès pour satisfaire la sécurité alimentaire en 2050 et au-delà, a insisté le président du Cme, le Brésilien Benedito Braga [1], lors de la présentation du rapport.
Benedito Braga recommande aussi d’adopter des programmes d’investissement, qui procurent des rendements à long terme, notamment la réhabilitation des infrastructures.
L’agriculture doit suivre la voie de la durabilité et non celle de la rentabilité immédiate, selon lui.
Pour sa part, la directrice générale adjointe de la Fao, la Cap Verdienne Maria Helena Semedo [2] appelle à une révision de « nos politiques publiques, nos cadres d’investissement ainsi que nos structures et institutions de gouvernance ».
Une grande partie de la population mondiale et la plupart des pauvres continueront, en 2050, à tirer leurs moyens de subsistance de l’agriculture, considerée comme premier secteur consommateur d’eau, met en garde le rapport.
« Les agriculteurs, notamment les petits exploitants, devront recourir à des technologies et à des pratiques de gestion judicieuses, pour accroître leur production sur des disponibilités limitées en terre et en eau », préconisent les signataires du rapport.
Les deux tiers de la population mondiale seront affectées par la rareté d’eau d’ici à 2050, previent-il.
Le cas d’Haïti
En plus, du manque de disponibilité de l’eau, la qualité des services reste un défi majeur en Haïti.
Le taux de couverture en eau potable est estimé à 54 %, selon les dernières données de l’Enquête sur la mortalité, morbidité et l’utilisation des services (EMMUS V).
L’accès à l’eau potable représente un élément majeur pour lutter avec efficacité contre l’épidémie du choléra dans le pays, déjà responsable de 8, 929 morts et de 421,482 cas d’hospitalisation depuis son apparition en octobre 2010.
Par ailleurs, l’agriculture haïtienne, grandement tributaire de la pluie, a été sévèrement mise à mal par la sécheresse en 2014. Ce qui a eu des répercussions sur la production. [emb kft rc apr 17/04/2015 11:30]
[1] Né en 1950, Benedito Braga est élu le 19 novembre 2012, à la place de Loic Fauchon, à la tête du Conseil mondial de l’eau (Cme).
[2] Née le 29 mai 1959 au Cap-Vert, Maria Helena Semedo est une économiste. Elle est la Directrice générale adjointe, Coordonnatrice ressources naturelles au sein de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao).