Par Stephen Ralph Henri
P-au-P, 21 avril 2015 [AlterPresse] --- L’harmonisation des relations entre les deux États, partageant l’île d’Haïti, devrait passer par une priorisation des intérêts communs, comme socle de rapprochement, d’après les intervenants à une conférence-débat organisée, le mercredi 15 avril 2015, à l’Institut national d’administration, de gestion et des hautes études internationales (Inaghei) de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh).
« La problématique des relations haïtiano-dominicaines : le cas de l’arrêt TC/0168-13 de la Cour constitutionnelle de la République Dominicaine » a été le thème de la conférence-débat, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Ont été, justement, abordées les conséquences de l’arrêt du 23 septembre 2013, adopté par la Cour constitutionnelle dominicaine et impliquant, dans son application, un processus visant à enlever la nationalité dominicaine à plusieurs milliers de Dominicaines et Dominicains d’origine étrangère, principalement d’Haïti.
Tout en reconnaissant l’existence de « phénomènes », qui divisent les deux pays, le professeur de sciences politiques et droit international à l’Ueh, James Boyard, appelle à une capitalisation sur les facteurs géopolitiques, entre autres, pour de meilleures relations entre les deux pays.
« Les relations entre Haïti et la République Dominicaine doivent se cristalliser sur les facteurs qui rapprochent les deux pays », déclare Boyard.
Parmi les éléments évoqués, il y a les questions de sécurité et d’intégration économique.
En termes de sécurité, les deux pays sont exposés aux risques des catastrophes naturelles et de trafics de toutes sortes.
Quant à l’intégration économique, le regroupement pourrait favoriser un meilleur accès à la globalisation, analyse Boyard.
Les différenciations économiques et politiques, les frustrations liées à l’histoire commune de ces deux peuples sont autant d’éléments de dissociation entre les deux peuples.
Des facteurs, qui auraient généré l’adoption de l’arrêt 0168-13, entraînant un processus visant à déchoir de la nationalité dominicaine plusieurs milliers de Dominicaines et de Dominicains, nés, depuis 1929, de parents étrangers, sur le sol voisin d’Haïti.
Cette décision des autorités dominicaines a contribué au « renforcement de la discrimination contre les Dominicains d’origine haïtienne », à « la violence » et à « l’intolérance », explique Géralda Sainvil, responsable de communication au Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).
Ladite sentence a aussi intensifié les appréhensions des Dominicains d’origine haïtienne ainsi que des étudiants haïtiens en République Dominicaine.
Des parents dominicains, d’ascendance étrangère, notamment haïtienne, craignent de « déclarer la naissance de leurs enfants », souligne Sainvil.
Beaucoup d’étudiantes et d’étudiants expriment également leur anxiété de « circuler normalement », sous peine d’être arrêtés ou malmenés. [srh kft rc apr 21/4/2015 1:45]