Par Christian Leduc et Ladenson Fleurival
P-au-P., 15 oct. [AlterPresse] --- Les rues de Port-Au-Prince étaient vides ce 15 octobre avec l’appel des principales organisations patronales à la population de rester à la maison pour contrer la montée de la violence qui sévit depuis deux semaines dans la capitale haïtienne.
Les activités commerciales étaient suspendues dans la plupart des quartiers de la capitale où seuls quelques passants traversaient les rues ou jouaient au Football. Des Casques bleus surveillaient les principales artères routières comme le Carrefour de l’aéroport ainsi que devant les édifices publics comme le Palais présidentiel, au centre, ou la Télévision nationale d’Haïti (TNH), en banlieue Nord.
« La quasi-totalité des commerçants ont suivi notre demande, même si c’était plus difficile pour les petits détaillants de ne pas faire des affaires aujourd’hui. Nous avons eu un soutien à 100% de la part des Haïtiens », a estimé le Dr. Reginald Boulos, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti (CCIH).
Le président du CCIH s’est aussi félicité du « soutien » des étudiants et des partis politiques d’Haïti, excluant le parti Lavalas qu’il considère comme le responsable de la montée de violence qui frappe le pays. « Ce sont des terroristes qui sèment la mort et la destruction des biens d’Haïti », a soutenu le numéro un de la CCIH, une des organisations initiatrices de cette journée de protestations.
Dans un communiqué de presse publié le 14 octobre, ces organisations ont souligné que « dans les conditions actuelles de tourmente et de chaos, la création d’emplois et la production de richesses nationales, seule garantie durable de cohésion sociale, sont impossibles. »
Au cours d’une manifestation organisée au Bel Air, un des quartiers où le plus d’incidents ont été enregistrés ces derniers jours, les partisans d’Aristide s’en sont pris au secteur des affaires. Ils ont menacé d’incendier tous les magasins du bas de la ville qui ont fermé leurs portes en signe de respect du mot d’ordre lancé par le patronat « contre le terrorisme ».
Les chefs de bandes du Bel Air n’ont pas mâché leurs mots contre le gouvernement. « Nous allons ligoter Alexandre (Boniface, Président) et Latortue (Gérard, Premier Ministre) », ont-ils lancé au micro d’un reporter.
Les partisans d’Aristide ont réaffirmé leur intention de continuer à semer le trouble dans la capitale jusqu’au retour physique de l’ancien Chef d’Etat. Ils se sont dits prêts à affronter les anciens militaires, qu’ils accusent d’être les responsables de la décapitation de plusieurs policiers.
Les manifestants, dont la plupart étaient armés, ont déclaré accorder trois jours à la population pour se ravitailler, après quoi, ils vont occuper le béton (les rues) jusqu’à ce qu’ils obtiennent gain de cause.
Au cours de l’après-midi, des tirs nourris ont été en tendus du coté de Nazon, un quartier du nord de la capitale. [fl cl gp apr 15/10/2004 16:00]