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Haïti-Genre : Etat des lieux de la présence des femmes dans les espaces universitaires et politiques

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 09 avril 2015 [AlterPresse] --- Un état des lieux de la présence des femmes dans les espaces universitaires, médiatiques et politiques dans les Caraïbes, notamment en Haïti, a été au centre d’un colloque régional, réalisé, le jeudi 26 mars 2015, dans le cadre de la quinzaine de la Francophonie dans le pays [1], a observé l’agence en ligne AlterPresse.

« Femmes universitaires, femmes de pouvoir en Haïti et dans les Caraïbes » : tel a été le thème, débattu lors de ce colloque ayant réuni, entre autres, plusieurs professeurs d’université, étudiants et personnalités intéressées à la problématique du genre.

De 1986 à 2015, des avancées ont été accomplies au niveau des droits des femmes en Haïti, constate Denyse Côté, directrice de l’Observatoire sur le développement régional et l’analyse différenciée selon les sexes (sigle : Oregand) à l’Université du Québec en Outaouais.

Côté appelle, malgré tout, à des changements plus profonds dans la conscience sociale, les comportements, la justice, la politique et à l’Université, en ce qui concerne la présence des femmes.

Elle encourage une revalorisation des savoirs féminins et féministes, à l’université, par la conjugaison de la volonté des autorités universitaires et nationales, mais aussi des professeurs et étudiants.

« Sans une volonté marquée au niveau des autorités politiques et administratives, les mesures nécessaires à la création de programmes et d’un climat propice à l’accueil d’un plus grand nombre de femmes, comme étudiantes ou professeures, ne pourront pas voir le jour », met-elle en garde.

Intégrer la question des femmes à l’université signifie augmenter le nombre de femmes qui y sont présentes, dans des lieux autres que ceux dits traditionnellement féminins, argue-t-elle, faisant référence à des emplois traditionnels en rapport à l’administration, l’entretien et les sciences infirmières, réservés traditionnellement aux femmes.

Des femmes à l’université et en politique, en dépit des stéréotypes

L’Université d’État d’Haïti (Ueh) « accuse un taux plus faible de femmes » par rapport aux hommes, alors que, pour les universités privées, le ratio femmes/hommes - qui varie selon les domaines d’étude - « indique une situation plus égalitaire », fait savoir un document de la professeure à l’Université, Évelyne Trouillot Ménard, publié en 2013.

Consulté sur Internet par AlterPresse, ce document est intitulé « L’éducation en Haïti : inégalités économiques et sociales et question de genre. La femme dans l’enseignement supérieur ».

Les responsables ou coordonnateurs de facultés d’Etat situent entre 25 et 30 % le pourcentage de femmes dans leurs institutions, signale le document.

Denyse Côte plaide pour une intégration des femmes dans les postes de pouvoir au sein du corps professoral à l’université, une revalorisation et une reconnaissance des savoirs féminins et féministes, dans la perspective, entre autres, de la mise en lumière d’une histoire proprement haïtienne en matière des droits des femmes.

Avec le temps, les hommes ont compris que les femmes qui travaillent contribuent aussi, de manière consistante et significative, aux finances et à l’évolution sociale de la famille, surtout lorsqu’elles disposent d’un niveau d’éducation supérieure, souligne, pour sa part, Rose-Lourdes Elysée, coordonnatrice générale de l’Unité centrale de gestion des partenariats public-privé au Ministère de l’économie et des finances (Mef), lors de son intervention.

En dépit de l’absence d’une politique publique bien articulée, les femmes haïtiennes investissent l’arène politique, tout en menant, parallèlement, des carrières universitaires.

Par contre, des processus de recrutements et d’avancements dans certains ministères ont souvent démontré un certain clientélisme, du népotisme, de l’inégalité et de non-équité selon le genre, condamne Rose-Lourdes Elysée. [emb kft rc apr 09/04/2015 10:30]


[1Cette quinzaine de la langue française a été lancée officiellement le mercredi 18 mars au Ministère de la culture.