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Haïti-Rép. Dominicaine : Appel aux chefs d’Etat du continent face à un « danger de génocide »

P-au-P, 26 mars 2015 [AlterPresse] --- Le Collectif du 4 décembre et plusieurs organisations de la société civile haïtienne appellent les chefs d’Etat des Amériques à se pencher sur le « danger imminent d’un deuxième génocide des Haïtiens en République Dominicaine », dans une lettre ouverte dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

La lettre est communiquée au public, à la veille d’une rencontre binationale (le vendredi 27 mars 2015) entre les responsables des deux Etats de l’ile d’Haïti.

Le Collectif du 4 Décembre et les autres organisations parlent d’un « génocide civil », en référence à la dénationalisation de milliers de Dominicains d’ascendance haïtienne, mais aussi « des violations systématiques des droits de l’être humain par la République Dominicaine », dans cette lettre datée du 18 mars 2015.

Des Haïtiennes et Haïtiens, contraints de fuir des actes de violences en territoire voisin, ou déportés en dehors des accords régissant le rapatriement de migrantes et migrants entre les deux pays, sont des cas de plus en plus fréquents.

Le mercredi 11 février 2015, un cireur de chaussures, de nationalité haïtienne, Claude Harry Jean, a été tué, puis retrouvé pendu à un arbre sur une place publique à Santiago de Los Caballeros, deuxième ville d’importance économique en République Dominicaine.

Actuellement, les organisations humanitaires se préparent à recevoir des centaines d’Haïtiens sans papier et plus de 300 mille Dominicains, devenus apatrides par l’adoption de l’arrêt 168-13, tous menacés d’expulsions forcées à partir du 16 juin 2015, date limite du processus de régularisation.

Dans la lettre ouverte, un appel est lancé aux chefs d’Etat du continent américain pour qu’ils mettent un frein aux violences, mais aussi à ce processus d’apatridie.

« Il ne s’agit pas d’une faveur, mais d’une obligation d’intervenir : au nom de l’humanité, au nom des droits humains, au nom de la charte des Nations Unies et de celle de l’Organisation des Etats américains (Oea) et au nom de leur État respectif », martèlent ces organisations.

L’un des souhaits principaux est que ces hommes et femmes d’Etat exigent de l’Etat dominicain l’application, in extenso, de la décision de la Cour interaméricaine des droits humains (Cidh).

Le 22 octobre 2014, la Cidh avait condamné la république voisine d’Haïti pour violation des droits humains, tout en lui demandant d’interrompre l’application de l’arrêt 168-13, jugé raciste et non conforme aux droits humains.

La République Dominicaine avait répliqué par un nouvel arrêt 256-14 de son tribunal constitutionnel qui renie son adhésion à la Cidh. [kft rc apr 26/03/2015 10:45]