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Haïti : Nonie Mathieu, membre d’un organe anti-corruption, accusée de détournement de fonds

P-au-P, 19 mars 2015 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) indexe Nonie Henriette Mathieu, membre de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratifs (Csc/Ca), comme la principale actrice d’une opération de corruption qui a coûté plus de 37 millions de gourdes à l’État haïtien, au moment où elle était présidente de la dite institution.

Les activités de cette opération seraient conduites entre 2012 et 2013, suivant un rapport du Rnddh daté du 18 mars et transmis à AlterPresse.

Le document avance qu’en novembre 2013, Mathieu se serait adressée au ministère de l’économie et des finances (Mef) pour demander le paiement d’une dette évaluée à 37 500 000 gourdes, contractée auprès de deux institutions fournisseurs de matériels logistiques.

Les deux entreprises mentionnées sont l’America Supplies Distribution, dont les adresses fournies seraient fausses, et la Professional Services and Decor.

« En juin 2014, le rapport d’inventaire révèle que les matériels achetés et payés par l’État pour le montant de trente-sept millions cinq cent mille (37.500.000) gourdes n’ont, en réalité, jamais été livrés », indique le Rnddh.

Les « informations recueillies à la Direction générale des impôts (Ddi) laissent supposer qu’il s’agit d’entreprises créées de toute pièce pour les besoins de la cause », estime le Rnddh.

Les noms des individus qui seraient de mèche avec Nonie Mathieu sont Marie Yolène Mertyl pour la America supplies distribution et Ruth F. Hypollite pour la Professional services and Decor.

Le Réseau critique la Direction du contrôle financier du Ministère de l’économie et des finances chargé des vérifications de la régularité des achats.

« Il est inimaginable qu’un tel dossier puisse bénéficier de l’aval » de cette direction, déplore le Réseau, qui évoque l’absence de plusieurs pro-forma pour les acquisitions.

Le Secrétariat de la présidence de la cour est aussi pointé par le Réseau. C’est cette entité qui a assuré la gestion des courriers liés à ce dossier.

Dans ses recommandations, le Rnddh appelle à « la mise en examen de Me Nonie Mathieu et de ses complices ».

Elle « devra quitter son poste (de conseillère) pour être disponible pour la justice », insiste le Rnddh.

Il y a également lieu « de déterminer les implications dudit (du) secrétariat (de la présidence de la cour) dans les échanges de correspondances pour un dossier totalement imaginaire dont l’objectif était clairement de soutirer de l’argent des caisses de l’État (…) », fustige le Réseau.

Parmi les mesures provisoires préconisées par le Réseau, figurent le placement sous scellés et sous séquestration des biens meubles et immeubles de la principale concernée et de ses différents complices.

La Rnddh réclame la conduite d’une instruction criminelle par un magistrat crédible et compétent afin de découvrir les dessous de cette affaire ainsi que l’organisation d’un procès juste et équitable respectant les droits du peuple haïtien à la vérité et les droits des inculpés.

Le réseau demande aussi l’adoption de dispositions nécessaires pour permettre à l’État de récupérer le montant détourné et l’amende prévue par la loi, soit, au moins, cent cinquante millions (150.000.000) de gourdes.

Une analyse des comptes bancaires de Nonie Mathieu et des individus qui lui sont liés sur les 10 dernières années par l’Unité centrale de renseignements financiers (Ucref) puis des différentes déclarations de patrimoine faites par Nonie Mathieu, avec publication des rapports, est recommandée.

Les comptes, les livres et les opérations des institutions concernées doivent faire l’objet d’analyse, ainsi que du patrimoine des propriétaires de ces entreprises, selon le rapport de l’organisme de droits humains. [srh kft gp apr 19/03/2015 16 :10]