P-au-P, 17 mars 2015 [AlterPresse] --- Les actes de violences à l’encontre des membres de plusieurs communautés et congrégations de l’église catholique romaine en Haïti se poursuivent, alors que la police annonce avoir pris des mesures.
Trois religieuses auraient été violées dans la chaîne des Cahos (Artibonite/Nord), selon une source contactée par AlterPresse.
Début mars 2015, sept individus ont été arrêtés pour leur implication présumée dans un cambriolage dans un couvent à Verrettes, toujours dans l’Artibonite. Il s’agissait de la énième attaque contre un couvent depuis un an.
Joint au téléphone par AlterPresse, le cardinal Chibly Langlois ne veut pas parler de viol. Sans vouloir donner de détails, il projette d’organiser une rencontre afin de statuer sur ce dossier.
« Nous avons touché toutes les instances de ce pays, le Ministère de la justice plus particulièrement, pour qu’on puisse mettre l’action publique en mouvement contre les auteurs de ce crime », martèle le cardinal Chibly Langlois.
Il rapporte que la congrégation a reçu pas mal de cas.
Près de 38 couvents ont été attaqués par des bandits. Les sœurs ont été frappées, on a violé la dignité de la personne des sœurs et des frères également.
Le commissaire divisionnaire Frantz Lerebours, porte-parole de la Police nationale d’Haiti (Pnh), se dit informé de la situation et affirme que des mesures sont en train d’être prises.
« Nous sommes en train de réunir tous les éléments afin de donner une réponse à la hauteur du défi, parce que c’est presque systématique ; on ne peut pas le prendre de façon isolée. Les arrestations, effectuées dans la zone de Gonaïves, vont servir à se faire une idée exacte de la question », renchérit le commissaire divisionnaire, questionné par AlterPresse.
Le Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec), dans une note de presse rendue publique le mardi 10 mars 2015, condamne avec vigueur ces actes jugés « répréhensibles et préjudiciables », et informe que les forces de police recherchent activement leurs auteurs et les complices pour les appréhender et les déférer à la justice.
Conséquences des violences
Le cardinal Chilbly Langlois affirme que cela a provoqué, non seulement un traumatisme chez les religieuses, mais aussi dans les communautés, dans lesquelles elles apportent de l’aide, ainsi que sur leurs activités.
« Les sœurs doivent prendre certaines décisions pour protéger leur vie, parce qu’elles ne sont pas en sécurité. Les bandits sont entrés librement dans le couvent. Il y a des endroits où les bandits ont défoncé les murs. Ils ne passent pas par les portes. C’est pourquoi elles doivent se protéger », craint le Cardinal Chibly Langlois, joint par AlterPresse.
Il affirme que les communautés religieuses sont toujours en phase de réflexion.
« Nous cherchons à les accompagner pour qu’on puisse prendre une décision qui aide à protéger la vie des sœurs, même si l’on ne va quand même pas mettre un terme aux œuvres. Nous demandons aux sœurs de prendre des précautions », ajoute le Cardinal Chilbly Langlois.
Entre systématisation et effondrement des valeurs morales dans le pays
L’un des membres de Religions pour la paix, Abou Jahman, condamne les actes de violence contre le secteur religieux et croit qu’il y a une question de systématisation, puisque ce n’est pas un phénomène ordinaire.
« A moins qu’il y ait des personnes qui ciblent une série de symboles, nous sommes dans une phase où les choses n’ont plus de valeurs. C’est un phénomène à plusieurs dimensions », explique Abou Jahman à AlterPresse.
« Le pays est pris dans un tourbillon qui n’a ni queue, ni tête. C’est comme s’il y a un chaos qui s’installe, comme quoi il y aurait une sorte de dysfonctionnement général du tissu social, du noyau de la société haïtienne », indique le musulman, se disant alarmé.
Des réflexions sont en cours pour découvrir les racines et mobiles de ces attaques, dit-il. [jep kft gp apr 17/03/2015 16 :20]