P-au-P, 18 mars 2015 [AlterPresse] --- On doit attendre la fin du mois de mars et le début du mois d’avril 2015 pour s’alarmer en cas de sécheresse continue, estime le directeur de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire, (Cnsa), Gary Mathieu, dans une interview accordée à AlterPresse.
« A partir du (samedi) 21 mars jusqu’au début d’avril (2015), s’il y n’y a pas vraiment de pluies, c’est à ce moment là qu’il faudrait s’alarmer, parce que cela pourrait avoir des conséquences énormes sur l’agriculture », avertit-il.
La saison de printemps, qui commence à partir du 21 mars, donne la majeure partie des productions du pays, rappelle Mathieu.
Quelques pluies nocturnes commencent à être enregistrées dans certains départements.
« Nous sommes toujours dans une période sèche, qui existe depuis juin 2014 », fait-il savoir, tout en signalant quelques pertes dues à cette situation.
La sécheresse prolongée a causé des pertes au niveau de quelques cultures annuelles, comme les bananes ainsi que les mangues qui ont connu un murissement précoce dans plusieurs départements du pays.
Les cultures, comme les racines et les tubercules, accusent actuellement un niveau de production faible.
Toutefois, le pays n’est pas en situation humanitaire, précise Mathieu.
Les conséquences de la sécheresse dans le Nord et le Centre, ainsi qu’une baisse éventuelle du niveau du lac de Péligre (Plateau central) ont été parmi les scénarios possibles, qui pourraient avoir un impact, selon un bulletin de la Cnsa, sur les conditions de la sécurité alimentaire dans l’Artibonite et le Plateau Central, au cours de la période d’octobre à mars 2015.
La sécheresse a été de plus en plus accentuée au Plateau central, depuis l’année dernière jusqu’au mois de mars 2015, confie à AlterPresse le porte parole adjoint du Mouvement paysan de Papaye (Mpp), Philefrant Saintnaré.
L’une des causes de cette sécheresse serait le déboisement, qui est en train de prendre de l’ampleur, en raison du fait que le charbon de bois constitue la principale source d’énergie des familles.
Au Plateau central, on assiste à une baisse de la production agricole, liée, notamment, aux cultures saisonnières, comme le mais et le haricot, qui entraînent une augmentation de l’insécurité alimentaire dans les ménages, alerte Saintnaré.
Le porte parole du Mpp appelle à la mise en œuvre d’une politique agricole globale, prenant en compte l’environnement et la réalisation d’une réforme agraire intégrale.
Il plaide, entre autres, pour une meilleure conservation des eaux pluvieuses à partir de leur captage dans des citernes, la mise en place d’autres sources d’énergies alternatives pour diminuer l’exploitation du charbon de bois et une campagne de reboisement au Plateau central. [emb kft gp apr 18/03/2015 00:20]