P-au-P, 16 mars 2015 [AlterPresse] --- La ligne droite pour la tenue des prochains scrutins dans le pays semble être tracée avec le nouvel arrêté présidentiel, en date du vendredi 13 mars 2015, convoquant le peuple en ses comices, alors que des partis de l’opposition continuent d’hésiter.
Dans un communiqué, publié le dimanche 15 mars 2015, le bureau de communication de la présidence annonce que le peuple est appelé à aller voter 118 députés et 20 sénateurs le dimanche 9 août, retenu pour le premier tour des législatives.
Le dimanche 25 octobre 2015, ce sera pour un président, les élus locaux mais aussi le deuxième tour des législatives. Le second tour de la présidentielle est fixé au dimanche 27 décembre 2015.
Cette disposition arrive un peu plus de 72 heures après la transmission par le Conseil électoral provisoire (Cep) du calendrier électoral à la présidence.
Le calendrier ne tient compte ni des jours fériés ni des week-ends. Aussi, des activités auront-elles lieu durant des dates habituellement chomées.
Dans un contexte pré-électoral toujours incertain, c’est pour la seconde fois que le président Joseph Michel Martelly appelle la population haïtienne à se rendre aux urnes.
Des élections législatives partielles, locales ont déjà été annoncées au mois de juin 2014, quand l’urgence était d’éviter un dysfonctionnement du parlement. Ce qui n’a pas pu être esquivé.
Certains secteurs politiques, opposés au gouvernement, ne s’alignent pas encore sur les dernières dispositions.
Hésitation et dénonciation de l’opposition
Le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod), une plateforme de partis et organisations politiques de l’opposition, n’est pas encore certain de sa participation aux prochaines élections.
Pour l’instant, le Mopod est en train de faire une évaluation du processus pour voir dans quelle mesure il pourrait véritablement conduire à la réalisation d’élections crédibles, honnêtes et démocratiques, suivant les explications de l’ingénieur-agronome Jean André Victor, coordonnateur de la plateforme, joint par AlterPresse.
L’évaluation du Mopod tient compte de quelques indicateurs, dont les actes déjà posés, l’environnement électoral de façon globale et les conditions de sécurité.
Jean André Victor promet que la plateforme fera connaître sa position d’ici la fin de la semaine (15 au 21 mars 2015).
Le parti Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp) de Mirlande Hyppolite Manigat, deuxième à la dernière présidentielle ayant vu l’arrivée de Michel Martelly au pouvoir, fait aussi partie du Mopod.
Fanmi Lavalas, parti de l’ex-chef d’État Jean-Bertrand Aristide, critique déjà le bureau de l’actuel Conseil électoral, pour avoir adopté un calendrier qui ne reflète pas la volonté des partis souhaitant participer à une élection avec deux tours au lieu de trois, dans une note transmise à AlterPresse.
Fanmi Lavalas estime que les partis n’ont pas assez de ressources pour répondre à 3 tours d’élections.
Le parti d’Aristide dénonce l’actuel calendrier électoral et juge déjà « qu’aucune élection honnête, démocratique et inclusive n’est possible » avec l’actuel Conseil, qui n’a donc pas écouté les recommandations des partis rencontrés avant la finalisation du calendrier.
« Nous avons besoin d’autorités légitimes, élues dans des élections crédibles, capables d’apporter des solutions aux problèmes de la faim, de l’insécurité planifiée et à l’incertitude du futur », d’après le comité exécutif du parti Fanmi Lavalas.
Une autre question domine, celle des Bureaux électoraux départementaux et communaux (Bed et Bec).
Des responsables politiques avaient déjà dénoncé des irrégularités dans le processus ayant abouti à la mise en place de ces bureaux.
Le déroulement des examens, dans certaines zones du pays, aurait été effectué sous couvert de favoritisme.
Le Cep en attente de moyens pour évaluer les Bed et les Bec
Les conseillers électoraux semblent être également préoccupés par le problème des Bureaux électoraux départementaux et des bureaux électoraux communaux (Bed et Bec).
Il y a déjà 3 semaines, chaque conseiller devait se rendre dans un département du pays, accompagné d’une équipe technique, pour évaluer ces bureaux et vérifier le fondement des doutes exprimés.
Ces activités n’ont pas eu lieu jusqu’à présent, parce que « nous n’avons pas les moyens financiers en main », fait savoir à AlterPresse le conseiller électoral Jaccéus Joseph.
« Les évaluations sont obligatoires », juge le conseiller, qui croit que sans celles-ci « aucune élection n’est possible ».
Les partis doivent exprimer leur intention de participer aux prochaines élections, en s’inscrivant au Cep, à partir du 17 mars 2015.
La liste des partis agréés devrait être connue le lundi 23 mars 2015.
Suivant le calendrier, élaboré par le Conseil électoral provisoire (Cep), la campagne doit commencer le vendredi 19 juin 2015.
Du 6 avril au 19 avril 2015, les candidatures législatives seront reçues au Cep.
Les dépôts de candidatures pour la présidentielle devront se faire du 11 au 20 mai 2015. [srh kit gp apr 16/03/ 2015 13:05]