Message de l’organisation féministe Kay Fanm
A l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes
Document soumis à AlterPresse
Cela fait 29 ans depuis que le mouvement des femmes haïtiennes a connu sa résurgence suite à la chute de la dictature des Duvalier. Sur l’ensemble du territoire, des groupes organisés font entendre la voix des femmes dans toute sa diversité. Quelque soit la base de leur constitution, les organisations se rejoignent pour combattre les inégalités entre les sexes et leurs conséquences. Ainsi, depuis les luttes des pionnières féministes de la Ligue féminine d’action sociale (LFAS), des avancées sont enregistrées, notamment avec le fait que la problématique de l’égalité des droits soit posée dans tous les espaces de la société.
Cependant, les droits spécifiques des femmes ne sont pas encore suffisamment appréhendés et ancrés pour se traduire adéquatement dans les visions politiques et les pratiques sociales. Les féministes doivent continuellement expliquer l’essence de leur combat et son caractère éminemment politique, puisqu’il vise une transformation sociale. Elles doivent également se mobiliser pour contrer les tentatives de discréditer et d’instrumentaliser le mouvement, par exemple avec la question de la participation politique des femmes au Conseil électoral.
Ce 8 mars est commémoré dans un contexte préoccupant.
Un déséquilibre des pouvoirs entre l’Exécutif, le législatif et le judiciaire ;
Un système de justice encore plus dysfonctionnel et qui continue à favoriser l’impunité ;
Une situation économique désastreuse et une montée de l’insécurité qui fragilisent davantage les femmes ;
Des relations haïtiano-dominicaines tendues où, entre autres graves violations, des Haïtiennes sont brutalement déportées sans leurs enfants ;
Des agressions sexuelles envers les femmes tolérées dans les institutions publiques, surtout lorsqu’elles sont perpétrées par des hauts responsables ;
Des attaques répétées, en toute impunité, contre des religieuses dans différentes régions ;
Des élections qui risquent de ne pas contribuer à renforcer les acquis démocratiques.
Il s’agit, en particulier pour les femmes, de se mobiliser pour que la participation citoyenne soit effective ; pour contribuer à ce que les candidatures et les votes prennent en compte les critères de respect des droits humains, d’engagement en faveur de la démocratie et de l’intérêt national, d’honnêteté et de compétences.
Le 8 mars est une occasion pour Kay Fanm et ses allié-e-s de réfléchir aux stratégies pour préserver les acquis, réaliser d’autres conquêtes et enraciner les droits des femmes dans notre société.
Port-au-Prince, le 8 mars 2015
Pour Kay Fanm
Yolette Andrée Jeanty
Danièle Magloire