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Haiti - Catastrophe : Une " coumbite " pour enrayer la déforestation

Par Marc A. Archer [1]

Soumis à AlterPresse le 12 octobre 2004

Lors d’une conversation, récemment, à Port-au-Prince, entre amis, je leur disais que, l’un des plus grands scientifiques que le monde ait jamais connu, Einstein, se plaisait à dire « Dieu ne joue pas aux dés ». Si l’on s’en tient à cette idée, il faudra convenir que la situation actuelle d’Haïti n’est pas le fruit du hasard. Je ne parle que de la situation environnementale !

Durant mon adolescence, dans les années 70, à Port-au-Prince, on craignait déjà les conséquences qu’une forte averse pouvait provoquer. Si trois bourriques s’adonnaient à cœur joie à vider leur vessie, à Boutiliers, Port-au-Prince s’inonde disait-on alors. Vous voyez l’image ! On condamnait déjà la déforestation ! Ce n’était quand même pas nouveau car Jacques Roumain s’en plaignait déjà , durant les années 30. Et tant d’autres !

Cependant, à cette époque, très peu de foyers pouvaient se payer le luxe d’avoir une cuisinière à gaz, un four à gaz. En plus, on croyait que c’était du snobisme. Le gaz, cela ne donne pas le même goût à nos plats traditionnels ! Et puis, tout le monde utilise du charbon de bois, pourquoi faire autrement !

Depuis, heureusement on a grandi. On a vu d’autres pays. On a surtout vu agir autrement. On croit donc avoir appris. Des voix se sont levées pour lancer une mise en garde contre cet abus dans l’abattage des arbres, pour dénoncer le recul du taux de couverture arborée du pays, pour faire comprendre que cette augmentation dans la désertification du pays nous conduirait vers notre perte. Mais, hélas ! Les messages, les avertissements n’ont servi à rien. Le cancer qui ronge le pays semble avoir atteint un stade trop avancé. Voilà maintenant Mapou, Fonds-Verrettes, Gonaïves ainsi que d’autres zones sinistrées du grand Nord qui nous interpellent et nous montrent du doigt notre plaie, sociale, environnementale.

Haïti semble donc se diriger vers l’autodestruction, vers le suicide collectif. A-t-on toujours le temps pour essayer de nouvelles thérapies ?

Cet instinct d’autodestruction qui semble nous habiter, cet esprit d’annihilation qui semble nous posséder pourra-t-il être exorcisé ?

Oui !

Il nous faut une « COUMBITE ».

Barcelone , le 10 Octobre 2004


[1Marc A. Archer, Physicien Industriel, Eco-concepteur