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Haïti-Presse : La consternation suite à la mort subite du journaliste Sony Estéus, un militant de la cause démocratique

Par Jean Elie Paul

P-au-P, 03 mars 2015 [AlterPresse] --- Les réactions de consternation ont afflué à AlterPresse, suite à la mort subite du journaliste et linguiste haïtien Sony Estéus, directeur général de la Société d’animation en communication sociale (Saks) et militant de la cause démocratique.

Sony Estéus est décédé à l’âge de 50 ans dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 mars 2015, en sa résidence à Delmas (périphérie nord).

Les employés de la Saks sont totalement dévastés.

« Sony n’avait jamais présenté des signes de maladie avant sa mort. Il faisait partie d’un club de sports. Il faisait régulièrement ses tests médicaux de routine », affirme à AlterPresse, la voix enrouée d’émotion, Osny Agénor, frère et collaborateur du défunt.

« Il était rentré aux environs de 10:00 pm (dimanche soir 1er mars 2015 = 3:00 gmt le 2 mars 2015). Il parla à son enfant, puis alla prendre une douche. C’est bien plus tard que sa femme l’a retrouvé, le corps sans vie. Il n’avait même pas eu le temps d’ouvrir le robinet », raconte Osny Agénor, membre de la Saks.

La journaliste et directrice de la Radio Télé Kiskeya, Lilianne Pierre-Paul, a fondu en larmes,lorsqu’elle a appris la nouvelle de la mort subite de son collaborateur, Sony Estéus.

« Je suis consternée. Tout le monde est sous le choc. Nous sommes absolument consternés [à Radio Kiskeya]. Nous avons plus d’une décennie de collaboration avec lui », souligne-t-elle.

Estéus, qui animait sur Radio Kiskeya le magazine "Nou tout anndan" dédié à la paysannerie, « a livré, avec ardeur et désintéressement, le combat en faveur de l’accession des masses paysannes aux sphères de la politique et de la gouvernance », relève la station dans un communiqué.

« La sphère de la communication alternative, populaire et communautaire en Haïti, pour laquelle il a milité toute sa vie, se ressent de la disparition soudaine de Sony Estéus », estiment le Groupe Médialternatif et Médiacom, deux institutions partenaires de Saks.

« Sony Estéus laisse le souvenir d’une personne engagée, affable et fortement attachée à ses convictions de militant pour la cause démocratique, y compris des groupes défavorisés », indique un communiqué conjoint du Groupe Médialternatif et de Médiacom.

Le professeur Camille Chalmers, directeur exécutif de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), autre institution partenaire de Saks, affirme que Sony Estéus était un militant exemplaire.

« Depuis son jeune âge, lors de ses études secondaires, il a manifesté une volonté, un engagement politique et citoyen auprès des opprimés », signale Camille Chalmers.

Estéus était aussi très actif dans l’Université populaire d’été, qui est organisée conjointement, chaque année, par la Saks, la Papda et d’autres institutions depuis plus de quinze ans, et accueillie dans environ 152 zones du pays.

« C’est un camarade qui a une conviction politique, c’est un progressiste », confie, pour sa part, Reyneld Sanon, de Fòs refleksyon ak aksyon sou koze kay (Frakka).

Le vice-recteur aux affaires académiques de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), Fritz Deshommes, membre de l’Académie du Créole haïtien, insiste, lui aussi, sur le militantisme d’Estéus et son rôle dans la mise sur pied de l’Académie du Créole, au sein de laquelle milite son épouse Marie Rodny Laurent Estéus.

Depuis sa jeunesse, Sony Estéus, qui choisira de faire des études de linguistique, s’est engagé pour le Créole haïtien.

Ayant également collaboré avec Sony Estéus, le directeur du département de communication à la Faculté des sciences humaines (Fasch), Ary Régis, se souvient du défunt et de ses débuts à la Saks.

« Sony était un homme qui ne se plaignait jamais, d’aucun malaise. Sony était souvent en activité. Il était toujours impliqué dans plusieurs dossiers en même temps. C’était un homme débordant d’énergie. C’est une grosse perte pour le peuple haïtien. Sony est une histoire depuis plusieurs années. Il se battait pour la transformation du pays », renchérit-il.

Le ministère de la communication, dans un communiqué, dit avoir appris avec peine la « mort prématurée » de Sony Estéus qui « constitue une perte considérable pour la famille journalistique haïtienne ».

Le ministère de la communication rend hommage au « fort engagement » d’Estéus dans la communication alternative.

Sur Twitter, l’Association mondiale des radios communautaires (Amarc), dont Sony Estéus était le vice-président pour les Caraïbes, adresse ses pensées à la famille, aux amis et collègues du défunt.

Sony Estéus faisait partie du comité de direction régionale de l’Amarc, très importante organisation dans l’accompagnement et dans le fonctionnement des radios communautaires.

Alix Fils Aîmé, ancien député, écrit également sur son compte Twitter combien « nous avons perdu un grand militant/pilier ».

Sony Estéus a contribué à renforcer et à créer un véritable réseau de radios communautaires, qui se compose aujourd’hui de 44 stations, travaillant de concert avec le Réseau des femmes des radios communautaires en Haïti (Refraka).

Dès le départ, Estéus avait participé à une réflexion collective autour du concept de Saks, pour une communication au service des opprimés, une communication des luttes populaires.

Un médecin légiste s’est rendu dans la résidence de Sony Estéus pour établir son décès. Une autopsie est prévue pour connaître les causes de sa mort subite. [jep kft gp apr 03/03/2015 12:45]