P-au-P., 8 oct. 04 [AlterPresse] --- Les violences enregistrées à Port-au-Prince depuis le 30 septembre dernier paralysent les activités au niveau du Port de la capitale.
Cent trente-cinq conteneurs renfermant deux cents tonnes métriques de nourriture destinés aux personnes sinistrées dans la région septentrionale d’Haïti étaient ainsi restés bloqués jusqu’à ce mercredi 6 octobre, soit depuis tantôt une semaine.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) n’a réussi à récupérer ce 7 octobre que neuf conteneurs comprenant cent quatre-vingt tonnes métriques de nourriture.
La situation au niveau du port risque de paralyser l’assistance humanitaire fournie par le PAM et d’autres agences aux personnes sinistrées aux Gonaïves et à Port-de-Paix, s’inquiète le PAM.
« Le Programme alimentaire mondial travaille ardemment pour que les cent vingt-six conteneurs restant et trois cents autres conteneurs attendus à Port-au-Prince dans les prochaines semaines puissent sortir du Port le plus tôt que possible ».
La portion de l’aide humanitaire bloquée au Port de la capitale est sans commune mesure avec les marchandises nettement majoritaires du secteur privé qui ne peuvent pas non plus être dédouanées.
Du 1er au 5 octobre, le Port était complètement fermé. Les 6 et 7 octobre, il était officiellement ouvert, mais aucune activité n’a été constatée.
Les activités tendaient à reprendre ce 8 octobre. Les agents brésiliens de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH) effectuaient des patrouilles au niveau du port pour encourager les employés à reprendre le travail.
Un comité de facilitation mis récemment sur pied par le gouvernement travaille à accélérer les procédures de dédouanement pour tout ce qui touche à l’humanitaire, a précisé à AlterPresse une source proche de ce comité.
Concernant le retard constaté dans le dédouanement de marchandises du secteur privé, un entrepreneur a expliqué ce fait, outre l’insécurité, par la nonchalance traditionnelle caractérisant l’administration. Des douaniers présents traîneraient les pieds, malgré l’urgence.
Un autre grand commerçant interrogé par AlterPresse a réfuté cet argumentaire, évoquant de préférence les conditions de sécurité qui ne sont pas réunies.
Pour le moment, « le problème n’est pas dans l’allègement ou non des procédures de dédouanement, mais dans les conditions de sécurité », a martelé cet homme d’affaires.
« J’ai actuellement une trentaine de véhicules en douane, mais comment puis-je me permettre de les faire dédouaner dans la situation actuelle », a renchéri cet entrepreneur.
Outre le Port, plusieurs secteurs d’activités sont perturbés à la capitale haïtienne depuis environ une semaine. Les autorités compétentes n’ont pas indiqué les conséquences de ces perturbations pour l’Etat en terme de manque à gagner.
Les violences de ces derniers jours ont fait une cinquantaine de morts dont quatre enregistrés dans l’après-midi de ce 8 octobre à Portail Léogane, centre de Port-au-Prince.
Cette recrudescence de la violence a fait suite au lancement par des partisans de l’ancien dictateur Jean Bertrand Aristide d’une « mobilisation nationale » pour marquer le treizième anniversaire du sanglant coup d’Etat militaire qui l’avait renversé en 1991 et réclamer son retour physique en Haïti.
La police a appréhendé le 2 octobre dernier quatre anciens parlementaires contestés lavalas en relation avec ces violences. Deux d’entre eux, Louis Gérald Gilles et Axène Joseph, ont été relaxés.
Le 5 octobre dernier, le secrétaire d’Etat américain Colin Powell a imputé aux partisans de Jean Bertrand Aristide les violences de ces derniers jours en Haïti.
L’ancien député Gilbert Angerville, qui joue le rôle de porte-parole lavalas, a nié toute responsabilité dans les récents incidents, mais des groupes se réclamant du parti ont revendiqué des crimes commis ces derniers jours. [vs gp apr 08/10/2004 19:00]