P-au-P., 26 févr. 2015 [AlterPresse] --- Les organisateurs de la marche du 25 février 2015 à Port-au-Prince contre la xénophobie en République Dominicaine condamnent la violation du consulat et dominicain et l’incendie du drapeau dominicains à Pétionville (périphérie est) par des Haïtiens à l’issue de la marche.
« Nous déplorons ce qui s’est passé. C’est très grave », déclare à AlterPresse Ginette Chérubin du Collectif 4 Décembre, une des organisations initiatrices de la marche contre « la barbarie (…) la haine » et en faveur du « respect » et de la « paix sur l’île ».
« En attendant un bilan » prévu dans l’après-midi, « nous nous désolidarisons » de l’acte qui s’est produit « en dehors du circuit de la marche », ajoute-t-elle.
La violation a eu lieu au consulat dominicain, situé à quelques blocs de l’ambassade, point final de la marche et où les organisateurs ont été reçus par l’ambassadeur Ruben Silié Valdez.
Ginette Chérubin précise qu’à la fin de la marche, elle a failli être agressée par des Haïtiens énervés, lorsqu’ayant appris la nouvelle elle l’a tout de suite publiquement condamnée.
Le barreau de Port-au-Prince, qui a pris part à la marche, a également condamné l’incident qualifié d’ « acte isolé ».
« Nous estimons que c’est un incident diplomatique et le condamnons de toutes nos forces », déclare-t-il à AlterPresse, en précisant que « les marcheurs ont montré la vraie tendance haïtienne ».
Selon lui, l’ « État haïtien doit faire preuve d’une diplomatie active et dynamique. Et le dossier doit être traité entre les autorités diplomatiques des deux pays, en tant que deux peuples frères ».
Déjà, au cours de la marche de milliers d’Haïtiens, partie du Champ de Mars au centre de la capitale, un manifestant, qui tentait de brûler un drapeau dominicain, avait très vite été dissuadé par d’autres marcheurs.
Le bicolore national bleu et rouge, brandi par certains, des banderoles et affiches, portées par d’autres, les milliers de participants au mouvement criaient « Vive Haïti », « non au racisme ».
Au nom du gouvernement, le chancelier haïtien Duly Brutus a félicité les initiateurs de la marche citoyenne qui, a-t-il précisé à leur intention, ne doit pas être interprétée comme une manifestation contre la République Dominicaine, indique un communiqué officiel.
Le gouvernement condamne, du même coup, « la violation et l’agression regrettables des locaux du Consulat Général de la République Dominicaine à Pétion-ville par un petit groupe d’individus mal intentionnés qui ont trompé la vigilance des organisateurs de cette marche pacifique ».
Cette marche survient après les assassinats successifs de Jean-Claude Harry Jean, le mercredi 11 février 2015 à Santiago (deuxième ville de la République Dominicaine) et d’un autre ressortissant haïtien dénommé Ti Louis, le jeudi 19 février 2015, qui a été décapité dans la zone frontalière de Comendador, province d’Elias Piña, non loin de la municipalité haïtienne de Belladère.
Ces crimes sont l’œuvre de petits groupes d’individus isolés, indique l’ambassadeur dominicain, accrédité en Haïti, Ruben Silié Valdes.
Les organisateurs de la marche du 25 février annoncent une conférence de presse sous peu, pour faire part, formellement, de leur position. [gp/srh apr 26/02/2015 11:00]