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Le racisme en Rép. Dom. est le fait d’une minorité qui « reproduit le passé », selon l’ambassadeur dominicain en Haïti (Multimédia)

P-au-P, 25 fév. 2015 [AlterPresse] --- Il y a une minorité à l’intérieur de la République Dominicaine qui « reproduit le passé des années autoritaires et de la dictature », déclare l’ambassadeur dominicain à propos des actes anti-haïtiens, dénoncés lors d’une marche de plusieurs milliers de personnes ce 25 février 2015 à Port-au-Prince.

La marche, partie du Champ de Mars (centre de la capitale), est parvenue dans l’après-midi à sa destination, soit l’ambassade de la République Dominicaine à Pétionville (périphérie est), où les organisateurs ont été reçus par le diplomate dominicain.

L’ambassadeur Ruben Silié Valdes assure que les auteurs des actes criminels, qui affectent les migrants haïtiens en territoire voisin, « ne sont pas sous le contrôle du gouvernement dominicain ».

Il promet que le gouvernement du président Danilo Medina va « avancer dans le sens de la protection des droits des travailleurs haïtiens ».

Dans un document, remis au diplomate dominicain, les initiateurs de la marche demandent notamment justice pour l’haïtien Henry Claude Jean, assassiné le 11 février 2015 et retrouvé pendu sur une place publique de Santiago, deuxième ville de la République Dominicaine.

Ils convient les autorités dominicaines « à se positionner » sur les actes infâmes, posés à l’encontre des Haïtiens sur leur territoire.

L’anti-haitianisme appris aux Dominicains dès le berceau

« Il y a un travail d’éducation à faire là-bas (en République Dominicaine), parce que c’est depuis le berceau qu’on apprend l’anti-haïtianisme aux Dominicains », critique Ginette Chérubin, une des responsables du Collectif du 4 décembre, à l’origine de la marche.

« Qu’on cesse de véhiculer des messages anti-haïtiens. Nous disons non à la Barbarie et nous voulons le respect », martèle la responsable.

Plus tôt, le même document a été remis au titulaire du Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec), Duly Brutus, lors d’un arrêt de la marche au siège du ministère.

Le chancelier haïtien affirme « appuyer la marche » en remettant un étendard haïtien aux représentants des marcheurs. Il appelle à la poursuite de cet élan de « solidarité ».

Certains marcheurs ont toutefois jugé « hypocrites » des fonctionnaires du ministère, qui ont exhibé des fanions nationaux du haut des balcons du bâtiment, où est logée l’institution.

Chanteurs, politiciens, entrepreneurs, élèves, étudiants, professeurs d’universités et même des policiers haïtiens ont pris part à la marche.

« C’est quelque chose qui concerne tout le pays. Si nous ne le dénonçons pas, cela risque d’être pire à l’avenir », craint Joseph Zenny Junior dit Ti djo Zenny, chanteur du groupe Kreyòl La.

L’entrepreneur Éric Jean Baptiste voit dans cette marche un « premier pas pour allumer le flambeau de la mobilisation, qui doit déboucher sur une prise de conscience nationale ».

L’ancien sénateur Jean-Charles Moïse appelle « l’élite économique du pays à investir en Haïti », afin de créer plus d’emplois, relancer la production locale pour pouvoir occuper la main-d’œuvre haïtienne.

Harry Nicolas, promoteur de la production nationale, juge que « cette marche est une première réaction » et que « demain nous devons cesser de consommer les produits dominicains ».

L’importation annuelle de produits alimentaires de la République Dominicaine va au-delà d’1 milliard de dollars américains (US $ 1.00 = 48.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui).

Une forte présence de journalistes haïtiens et étrangers a été remarquée. [srh gp apr 25/02/2015 19:15]

Images de la marche du 25 février