Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P., 21 févr. 2015 [AlterPresse] --- Des centaines de personnes dont des sympathisants et opposants au gouvernement ont pris part, ce 21 février au Champ de Mars, aux funérailles officielles des 17 personnes décédées dans un accident lors du carnaval national à Port-au-Prince, le mardi 17 février dernier, constate AlterPresse.
Ces funérailles ont été chantées sur les lieux où s’est produit le drame en présence du président Michel Martelly, son épouse, le premier ministre Evans Paul et de nombreux officiels du gouvernement dont le ministre de l’éducation nationale, Nesmy Manigat, et le secrétaire d’Etat à l’Intégration des personnes handicapés, Gérald Oriol.
Des sénateurs, dont le président de la chambre haute, Andris Riché, des diplomates, des artistes comme Izolan, rappeur du groupe Baricad Crew et l’ex-deputé chanteur Gracia Delva ainsi que des personnalités diverses ont assisté à la cérémonie, aux cotés des parents et amis éplorés.
Des gerbes de fleurs ont été déposées devant les 17 cercueils installés sur l’estrade, recouverts du drapeau national et accompagnés de photos des défunts et défuntes.
Plusieurs proches des victimes ont eu des moments de dépression et sont tombés en syncope durant le déroulement des obsèques.
Un important dispositif de sécurité a été mis en place sur les lieux et dans le périmètre de la cérémonie.
La veille, un communiqué officiel avait interdit toute manifestation parallèle aux funérailles officielles, un avertissement à toute entité qui s’aviserait de troubler le déroulement de l’activité.
« Dans le bonheur comme dans le malheur, nous sommes tous et toutes Haïti », pouvait-on lire sur des banderoles accrochées à la tribune.
Ces funérailles sont l’occasion de rendre « un hommage national » aux victimes décédées dans une circonstance non souhaitable, souligne le premier ministre dans son discours de circonstance.
Le fait que la vie des 4 personnes blessées encore hospitalisées sur les 78 recensées n’est pas en danger constitue un soulagement pour le gouvernement, déclare t-il, réaffirmant la volonté du gouvernement de prendre toutes les dispositions pour accompagner les familles des victimes et les personnes blessées.
Un discours polémique par moments
Le premier ministre a profité de cet espace de deuil pour répondre à un secteur de l’opposition qui a exigé du gouvernement la non tenue des funérailles avant une autopsie des cadavres.
La Plateforme Pitit Desalin a en effet sommé le gouvernement, à travers plusieurs officiels, de surseoir à tout enterrement des victimes du 17 février avant l’autopsie de tous les cadavres.
Dans son discours, le premier ministre a relevé que cette sommation accuse un déficit juridique et est « incorrecte ».
Une sommation n’implique pas la personne du premier ministre encore moins du ministre de l’intérieur et le comité du carnaval, mais l’Etat haïtien, a-t-il polémiqué, alors que des propos hostiles au gouvernement ont été proférés par des personnes faisant partie de l’assistance.
L’autopsie de tous les cadavres a été réalisée après concertation avec les familles des victimes, rappelle-t-il.
Une cérémonie œcuménique conduite par des représentants de diverses confessions religieuses a suivi l’intervention du premier ministre.
Un message d’espérance et d’union
Soulignant le caractère particulier de l’événement, le représentant de l’église catholique, Mgr Pierre André Dumas, a appelé tout un chacun à vivre dans l’espérance et à penser que la vie n’est pas terminée après la mort.
« Nous sommes unis malgré nos différences et divergences », affirme t-il, encourageant la nation hattienne à se mettre debout comme un seul homme pour dire non à la division.
La résurrection d’Haïti est possible, assure-t-il.
Pour sa part, le représentant de l’église protestante d’Haiti, le pasteur Joseph Clément, a souligné l’importance pour tout un chacun d’utiliser chaque moment de la vie comme un don céleste, car demain, selon lui, n’appartient à personne.
« Vous n’êtes pas seuls », déclare t-il, à l’endroit des familles des personnes décédées.
« Les grands perdants de ce drame sont les familles, les musiciens et le pays », fait remarquer l’artiste Joseph (Ti Djo) Zenny de Kreyòl La. Il appelle à suivre l’exemple d’union affichée par les artistes.
La seule solution pour le pays réside dans l’union malgré l’indifférence des uns à l’égard des autres, lance-t-il. [emb apr 21 /02/ 2015 13 : 50]