Español English French Kwéyol

Liberté de la Presse : Haïti régresse de 6 places dans le classement mondial 2015 de Rsf

P-au-P, 13 févr., 2015 [AlterPresse] --- Haïti occupe la 53e place dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse, publié le jeudi 12 février 2015, et régresse de 6 places, comparativement à l’année dernière où elle était 47e mondiale, apprend AlterPresse.

Ce nouveau classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (Rsf) permet d’établir la situation de 180 pays, au regard, notamment, de leurs performances en matière de pluralisme, d’indépendance des médias, de respect de la sécurité et de la liberté des journalistes.

Selon Rsf, le paysage médiatique haïtien se caractérise par une polarisation entre les médias "pro-gouvernementaux" et ceux "d’opposition", qui ont, souvent, des difficultés d’accès à l’information publique.

« L’administration fait preuve d’une hostilité inquiétante vis-à-vis des médias critiques ainsi que de velléités de museler les voix indépendantes », selon Rsf.

Les indicateurs, retenus par Reporters sans frontières, sont sans appel, lit-on dans ce rapport.

« 2014 est l’année d’une régression brutale pour la liberté de l’information. Les deux tiers des 180 pays, figurant au Classement mondial de la liberté de la presse 2015, affichent de moins bonnes performances, en valeur absolue, que dans l’édition précédente.

L’indice annuel, exprimant l’intensité des atteintes à la liberté de l’information dans le monde, culmine à 3,719 points, soit une hausse de 8% par rapport à 2013 et de près de 10% depuis 2012.

Un recul, qui concerne tous les continents », rapporte Rsf.

Rsf met l’accent, dans le cas d’Haïti, sur le fait que le 8 avril 2014, le Conseil national des télécommunications d’Haïti (Conatel) avait menacé de sanctions “certaines” radios.

Rsf soulève combien ce cas et d’autres pèsent très lourd, dans la balance de la liberté de la presse, et prévient que ce climat « restrictif » pose un risque évident « d’auto-censure », néfaste à la liberté de l’information.

« Les intimidations, envers les professionnels de l’information, se sont multipliées, y compris aux mains des forces de l’ordre dans le cadre de manifestations. La législation haïtienne prévoit toujours des peines de prison en cas de diffamation. Les enquêtes, sur les meurtres de journalistes, souffrent d’une lenteur inacceptable et d’obstructions répétées, générant un climat d’impunité inquiétant », souligne Rsf.

Cependant, au cours de l’année 2014, de façon globale, aucun journaliste et aucun net-citoyen n’ont été tué(s).

Joint au téléphone par AlterPresse, le coordonateur de l’Association des journalistes Haïtiens (Ajh), Jacques Desrosiers, affirme que cette régression de six places démontre les difficultés que rencontre la presse en Haïti.

Au cours de l’année 2014, il y a eu un procès contre les autorités policières à Jacmel (Sud-Est), à cause des actes de bastonnade qu’elles ont commis contre la journaliste Gerdy Jérémie, correspondante d’AlterPresse et reporter de la station privée locale, Radio Express.

Cette violence ne date pas d’hier, d’après Jacques Desrosiers qui critique l’attitude des autorités vis-à-vis de la presse.

Au lieu de garantir l’accès à l’information, ils essaient de corrompre les journalistes, dit-il, rappelant le dernier scandale de corruption au Palais national.

« Il n’y a aucun effort pour garantir le libre accès à l’information. La presse fonctionne comme une caisse de résonance, en rapportant seulement les propos des autorités de l’Etat. Mais, il n’y a aucune garantie pour des journalistes, qui décident de faire des enquêtes », regrette Jacques Desrosiers de l’Ajh.

Au lieu de faire des efforts, pour faciliter le libre accès à l’information, un ancien sénateur de la République était revenu avec une proposition de loi sur la diffamation, rappelle Desrosiers.

L’Ajh compte faire la promotion du code de déontologie des médias en Haïti...

Pour que ce code entre en application, mais aussi pour que les différentes associations, qui l’avaient signé en 2011, mettent en place une structure d’application et de surveillance déontologique, soit une commission nationale de surveillance. [jep kft gp apr 13/02/2015 14:35]