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Haïti-Grève générale : Un premier bilan satisfaisant, selon l’opposition

P-au-P., 9 févr. 2015 [AlterPresse] --- Les organisations politiques ayant appelé à la grève générale pour lundi 9 et mardi 10 février en Haïti se montrent jusque-là satisfaites de la réponse de la population au mot d’ordre, qui a été respecté à la capitale et dans plusieurs villes de province.

L’organisation Force patriotique pour le respect de la constitution (Foparc), membre de la Table de concertation de l’opposition, exprime sa satisfaction et invite la population à observer la grève pour le reste de la journée et pour le jour suivant.

« Le gouvernement a échoué dans sa tentative de faire obstacle à la grève en mettant en œuvre une batterie de communication », se réjouit Rony Timothée, dirigeant de la Foparc, dans une conversation téléphonique avec AlterPresse.

Il appelle à une « réduction des dépenses futiles de ce gouvernement en vue de favoriser une baisse significative des prix des produits pétroliers ».

La zone métropolitaine de Port-au-Prince est complètement paralysée. L’ensemble des circuits de transports publics n’est pas desservi et seuls quelques véhicules de services et des patrouilles de la police sont constatés dans les rues vides.

Le mouvement de grève affecte la plupart des branches d’activités, y compris l’administration publique, le commerce, les écoles, les banques et autres services.

A part quelques motos, aucune camionnette, aucun autobus ne circule dans la plupart des quartiers. A certains endroits, des pneus enflammés et des barricades ont été remarqués.

En fin de matinée, des pierres, des restes de pneus carbonisés et autres objets obstruaient encore le passage dans certains points.

Certaines rues ont été transformées en terrains de football par des jeunes et enfants, alors que des groupes de riverains observaient la situation.

Un agent 4 de la police, Ravelin Yves André, a été blessé à coups de couteau à Cité Soleil (banlieue nord) et a été hospitalisé, informe le porte-parole Gary Desrosiers à AlterPresse.

Plusieurs interpellations ont été effectuées par la police à Port-au-Prince, Pétionville (périphérie est), Croix-des-Bouquets (périphérie nord) et Delmas (périphérie nord-est) pour troubles à l’ordre public, indique-t-il.

Un début de manifestation a eu lieu dans le quartier de Martissant (secteur sud) et a été vite dispersée par la police, rapportent des témoins.

Suivant des informations communiquées à AlterPresse, des missions diplomatiques ont demandé à leurs employés de ne pas se risquer dans les rues.

La situation est plus nuancée en province, ou quelques villes, comme Petit-Goâve et Miragoâne (Sud), ont observé la grève, tandis que d’autres, telles que le Cap (Nord) et les Cayes (Sud) l’ont presqu’ignorée, suivant des rapports de presse.

Selon un communiqué émis en début d’après-midi par la Primature, les arrêts de travail provoqués par les appels à la grève « ne peuvent que nuire à l’économie nationale, et engendrer des conséquences néfastes pour les populations les plus vulnérables ».
Le gouvernement « invite tous les agents de la fonction publique ainsi que les travailleurs du secteur privé à reprendre leurs activités pour le plus grand bien de la nation », lit-on dans ce communiqué.

Dans la nuit du 7 au 8 février, le gouvernement a lancé un appel au calme et réaffirmé qu’une nouvelle baisse des prix du carburant n’était pas à l’ordre du jour. Il a prévenu que la police sévira contre les fauteurs de troubles et que toutes les dispositions seront prises pour assurer la sécurité de tout ceux qui vaqueront à leurs activités.

Pour l’instant, une nouvelle réduction de 5 gourdes sur les prix des produits pétroliers est entrée en vigueur le 6 février après une première réduction de 15 gourdes le week-end dernier.

Les prix du carburant sont ainsi fixés : le gallon de l’essence est à 195.00 gourdes, celui du diesel est de 157.00 gourdes et celui du kérosène de 156.00 gourdes (US $ 1.00 = 48.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes). [emb gp apr 09/02/2015 13 :00]