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Haïti-Economie : Des étudiants en colère jurent de faire baisser les prix des produits pétroliers à 100 gourdes

P-au-P, 07 février 2015 [AlterPresse] --- Des étudiants et étudiantes de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh) entendent intensifier leur mouvement de protestation pour exiger une baisse des prix des produits pétroliers à hauteur de 100.00 gourdes (US $ 1.00 = 48.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui), selon ce qui a été annoncé lors d’une conférence de presse le vendredi 6 février 2015.

« Étudiants, marchands, élèves sont dans le besoin, alors qu’ils (les membres du gouvernement) gaspillent de l’argent dans le carnaval. Si le gallon de gazoline n’est pas fixé à 100.00 gourdes, il n’y aura pas de carnaval au Champ de Mars (principale place publique à Port-au-Prince), [du dimanche 15 aumardi 17 février 2015] », avertit Manis Jeanty, étudiant finissant à l’Ecole normale supérieure (Ens) et membre d’un collectif d’étudiants de l’Ueh.

Les gaspillages d’argent du trésor public à partir du programme Petrocaribe, les dépenses effectuées dans des programmes-bidons sont indexés par les étudiants protestataires, comme des indicateurs de mauvaise gestion, depuis mai 2011, des finances du pays par le gouvernement en place.

« Ils peuvent faire ce qu’ils veulent pour nuire aux étudiants. Nous serons dans les rues, en vue de poursuivre le mouvement jusqu’à ce que les prix soient diminués », martèle-t-il, appelant la population à observer, le lundi 9 février 2015, une grève générale revendiquée par la table de concertation de l’opposition.

« Le prix du gallon d’essence passe de 215.00 gourdes à 195.00 gourdes ; le prix du gallon de diesel passe de 177.00 gourdes à 157.00 gourdes ; le prix du gallon de kérosène (gaz blanc, très utilisé chez la plupart des ménages en Haïti) passe de 171.00 gourdes à 156.00 gourdes » ce 6 février 2015, confirme une note du ministère de la communication.

Les étudiants protestataires critiquent les négociations, entamées entre des syndicalistes et le gouvernement, au terme desquelles ont été décidées, à l’aube du mardi 3 février 2015, une « baisse légère » des prix des produits pétroliers et la levée de la grève des transports publics, initiée le lundi 2 février 2015.

L’Union nationale des normaliens d’Haïti (Unnoh) exige également une réduction à 100.00 gourdes des prix des produits pétroliers, dans le but de contribuer à faire baisser les tarifs des transports publics ainsi que des biens essentiels à la consommation, dont les produits alimentaires.

Durant cette première semaine de février 2015, plusieurs entités de l’Ueh - notamment la Faculté d’ethnologie (Fe), l’Ecole normale supérieure (Ens), la Faculté des sciences humaines (Fasch) et l’Institut national de gestion et des hautes études internationales (Inaghei) ont été l’objet de gaz lacrymogènes et de tirs nourris de la Police nationale d’Haïti (Pnh).

Des pierres ont été lancées, à partir de certaines facultés d’Etat, en direction de policiers nationaux, a observé la presse durant les manifestations de protestations estudiantines.

Les étudiants protestataires dénoncent un plan visant l’élimination d’étudiants de l’Ueh, qui luttent contre la misère, la vie chère et la pauvreté extrême, dans lesquelles se trouve la population.

Six étudiants ont été blessés par des balles en caoutchouc, lors d’affrontements, le jeudi 5 février 2015, avec des policiers nationaux, contre qui ils lançaient des pierres pour riposter aux gaz lacrymogènes en leur direction.

Une vive tension a éclaté aux abords de diverses facultés, comme la Faculté d’ehnologie, la Fasch et l’Ens, suite à ce mouvement de protestation au cours duquel deux véhicules ont été incendiés.

Le ministre de la communication, Rotchild François Junior, préconise le calme chez les étudiants, qu’il invite à manifester selon les règles démocratiques, lors d’une conférence de presse donnée, le vendredi 6 février 2015, au bureau du premier ministre Evans Paul.

Il n’est pas normal d’incendier des véhicules de l’Etat dans une manifestation, estime François Junior, appelant les étudiants à faire preuve de discipline et de respect dans leur mobilisation pour exiger la baisse des prix des produits pétroliers.

« L’Etat a passé plusieurs années à subventionner les prix des carburants (…). Le calcul est simple (…) Nous ne voulons pas arriver dans une situation de banqueroute dans le pays », explique-t-il, indiquant que des discussions sont en cours sur la question entre le ministère des affaires sociales, les syndicats ainsi que tous les autres secteurs concernés.

En plus de dénoncer les actes malhonnêtes, orchestrés par le gouvernement, les étudiants continueront à apporter leur solidarité à la population, en vue d’exiger une baisse substantielle des prix des produits pétroliers sur le marché national, fait savoir Alex Jean Louis, un étudiant de l’Ens, blessé par des balles en caoutchouc tirées par des policiers nationaux lors d’un mouvement de protestation, organisé à la rue Saint Honoré (centre-ville de Port-au-Prince). [emb kft rc apr 07/02/2015 4:55]