Par Jean Elie Paul
P-au-P, 4 févr. 2015 [AlterPresse] --- Le quartier Christ-Roi fait l’objet d’un projet intégré de reconstruction, d’aménagement urbain et de développement économique, dont certains aspects ne rencontrent pas l’adhésion de quelques propriétaires d’habitations à risques, selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.
La démolition éventuelle de ces maisons soulève des remous, particulièrement dans le bloc dénommé ravine Nicolas.
La zone paraît enclavée, aucun espace n’a été laissé pour la circulation d’une voiture en cas d’urgence. La promiscuité est la règle, au point que certains habitants de la zone ont construit des toilettes qui se déversent dans la ravine, déjà remplie de détritus.
Une journée de sensibilisation a été organisée, le mercredi 28 janvier 2015, par plusieurs entités dans le cadre de ce projet de réaménagement, mis en place par l’organisation Solidarités international.
De nombreux habitants de la zone ont pris part à cette activité d’information autour des bonnes pratiques de la construction (construction parasismique, para-cyclonique).
« Ils vont sécuriser la ravine, sortir d’une construction anarchique, rationaliser cette ravine (et sécuriser les berges), limiter les inondations et transformer cet espace - qui est une concentration de fatras - en un espace de vie », explique Benjamin Biscan, représentant de Solidarité international.
Tout au cours de la journée de sensibilisation, des habitants de la zone ont exprimé leurs inquiétudes par rapport au projet, soulignant qu’ils ne voulaient pas qu’on détruise leurs maisons.
« Ils nous ont parlé, mais ils n’ont pas encore expliqué ce qu’ils allaient faire. Ils ont dit qu’ils nous dédommageront. C’est le dédommagement que nous attendons. Nous ne pouvons pas aller vivre dans la rue », affirme un propriétaire d’une maison d’un étage, construite au cœur de la ravine Nicolas.
Bernard Phito, un autre propriétaire, estime que ce travail va augmenter le taux de chômage et de délinquance, en raison du fait que certains propriétaires - dont les familles ont entre 5 à 6 personnes - se retrouveront à la rue.
Plus d’une cinquantaine de maisons seraient visées dans le cadre de ce projet.
Une jeune femme, gardant l’anonymat, mère de quatre enfants, exige que l’on construise une autre maison pour elle, bien avant qu’on touche à sa résidence, qui se trouve dans la ravine.
Le représentant de l’organisation Solidarité international souligne que la contestation vient du manque d’information, d’où la tenue de la journée de sensibilisation.
Actuellement, des réunions se tiennent avec les propriétaires concernés pour déterminer quand et comment ils seront dédommagés.
Les travaux font partie du projet intégré de reconstruction, d’aménagement urbain et de développement économique par l’Union européenne (Ue), qui le finance à hauteur de 80% (4,2 millions d’euros).
« Christ-Roi est l’un des huit quartiers, sur lesquels nous finançons des réaménagements urbains et de la construction, dans le cadre d’un projet d’une valeur globale de 76 millions d’euros, dont 56 millions d’euros alloués par l’Union européenne », fait savoir Nicole Fischer, chef de la section infrastructures au sein de l’Ue.
Six quartiers de l’agglomération de Port-au-Prince et deux quartiers de Petit-Goâve sont concernés dans le cadre des travaux. Ce projet a démarré en 2012 et se terminera en 2017.
Il s’agit de permettre aux gens - qui ont perdu leurs maisons totalement ou partiellement lors du séisme de 2010 - non seulement de se réinstaller dans leurs quartiers, ou de consolider leurs maisons qu’ils n’avaient pas quittées, mais de le faire dans un environnement plus sûr, et avec des moyens accrus par des activités professionnelles.
« Nous aidons la population à réaliser sa vision du quartier. Nous n’allons pas accompagner les personnes directement, mais donner le message à ces personnes qui le souhaitent sur comment reconstruire leur logement. Donc, il n’est pas question de leur construire [un habitat] », indique Benjamin Biscan.
« L’idée, c’est de fournir les éléments techniques aux habitants afin qu’ils construisent mieux leur maison », ajoute-t-il.
L’accent a été mis, lors de la journée de sensibilisation, sur la technique promue par le Ministère des travaux publics, transports et communications (Mtptc), celle de la maçonnerie chaînée (un système où les murs sont construits d’abord avant que le béton des colonnes et chaînages soit coulé).
Lors de cette journée - à laquelle ont participé notamment les Ong GRET (professionnels du développement solidaire), Entrepreneurs du Monde et Global Communities -, les différents enjeux liés au logement et à l’aménagement urbain (zones à risques, assainissement) ont également été abordés avec, en particulier, le projet de sécurisation de la ravine Nicolas qui est actuellement en cours.
Les partenaires de mise en œuvre de l’Ue sont l’Agence Française de développement (Afd), Onu-Habitat, la Croix Rouge française, Solidarités International, Concern, Welthungerhilfe, Care, Gret et Goal. [jep kft gp apr 04/02/2015 10:00]
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