P-au-P, 26 janv. 2015 [AlterPresse] --- « Nous sommes dans une situation d’occupation. Il est clair qu’aujourd’hui, nous avons une visite coloniale ».
C’est en ces termes que le directeur exécutif de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), Camille Chalmers, a réagit à la visite de trois jours (du vendredi 23 au dimanche 25 janvier 2015) des membres du conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies, lors d’une conférence de presse le 23 janvier, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
La délégation du Conseil de sécurité a été accueillie, le 23 janvier, par le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Henri Robert Sterlin, à Port-au-Prince où l’opposition défilait, pour exiger le départ du président Joseph Michel Martelly et du nouveau premier ministre Evans Paul.
Cette délégation onusienne était venue examiner le travail de « destruction institutionnelle », selon la Papda, opérée par la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) en vue de continuer les mêmes types d’action.
Pendant leur séjour en Haïti, les membres du Conseil de sécurité se sont entretenus avec Martelly, de hauts fonctionnaires du gouvernement haïtien, et des représentants des organismes des Nations Unies.
Des représentants des troupes et des pays contributeurs à la Minustah ainsi que ceux de la société civile et des partis politiques ont également eu des échanges avec la délégation onusienne.
La Papda appelle la population à exprimer, en la circonstance, son indignation par rapport à l’échec total de la mission onusienne en Haïti, en ce qui concerne surtout le non-respect des principes fondamentaux des droits humains qui sont à la base même du système des Nations unies.
La Papda « l’ingérence grossière » des Etats-Unis d’Amérique et de la communauté internationale pour appuyer, de manière inconditionnelle, les dérives du président Joseph Michel Martelly, relatives à l’irrespect de l’accord (Hôtel El Rancho) du 14 mars 2014 et de celui du 11 janvier 2015, trouvé avec quatre partis politiques pour une sortie de crise.
« L’accord (du 11 janvier) n’avait jamais dit qu’il faut un ‘’gouvernement de facto’’ », « qu’il n’y ait pas de parlement », a désapprouvé Jean William Jeanty de Kontra Pèp la, pourtant signataire du dit accord, dans une interview accordée à AlterPresse.
La visite de trois jours des membres du Conseil de sécurité survient dans un contexte de dysfonctionnement du parlement haïtien et d’installation d’un nouveau Conseil électoral provisoire (Cep) devant réaliser les élections pour les deux tiers du Sénat de la République, de la chambre des députés et des collectivités territoriales, en retard depuis 2011, ainsi que la présidentielle.
Ce nouveau Cep semble être constitué, à présent, selon l’esprit de l’article 289 de la Constitution de 1987, suivant les recommandations incessantes de divers secteurs politiques.
Le premier ministre Evans Paul ainsi que le titulare (sans décharge) du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), Pierre Richard Casimir, ont procédé, le vendredi 23 janvier 2015, à l’installation des 9 nouveaux membres du Cep.
Le Cep ne doit pas être contrôlé par la communauté internationale, recommande la Papda qui dénonce, entre autres, la fabrication du vide institutionnel au parlement et la formation « illégale et illégitime » du nouveau gouvernement d’Evans Paul.
Ce nouveau gouvernement constitue, aux yeux de la Papda, un replâtrage du gouvernement de l’ancien premier ministre Lamothe, décrié par l’opposition.
Toutefois, la Papda estime nécessaire, malgré tout, la présentation d’une politique générale de ce gouvernement à la nation haïtienne, qui est en droit de connaître les orientations envisagées pour le pays, alors qu’une partie de la population continue de réclamer, dans les rues, le départ de Martelly et d’Evans Paul. [emb kft rc apr 26/01/2015 1:25]