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Haïti-Insécurité : La circulation non-contrôlée d’armes à feu est alarmante, selon Jilap et Pohdh

P-au-P, 26 janv. 2015 [AlterPresse] --- La circulation d’armes à feu non- contrôlée est alarmante, déplore le secrétaire exécutif de la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh), Antonal Mortimé, dans une interview accordée à AlterPresse ce 21 janvier.

A part l’Etat, quelques potentats de la communauté internationale ont aussi leur part de responsabilité dans la situation d’insécurité qui sévit dans le pays à cause d’une absence de contrôle de la circulation des armes, indique le défenseur des droits humains.

Le contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes, la circulation des individus et des armes, la régularisation des compagnies de sécurité sont, entre autres, nécessaires pour remédier à ce phénomène.

Entre 250 et 260 mille armes circulent illégalement en Haïti, selon des chiffres avancés par le directeur général de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Godson Orélus, lors d’une cérémonie de destruction d’armes et de munitions organisée conjointement avec la force onusienne, à Pétionville, le mardi 20 janvier.

195 armes à feu ainsi que 137 accessoires et munitions ont été détruits, en la circonstance.

Une machine de destruction d’armes à feu, offerte par la Mission des Nattions Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) à la police nationale aurait la capacité à détruire jusqu’à 500 armes par jour, selon Orélus qui a réitéré sa détermination à travailler à la réduction de la violence dans le pays.

La seule destruction d’armes illégales serait farfelue pour lutter contre la criminalité, estime le coordonnateur national de l’observation à la Commission épiscopale Justice et paix (Jilap) de l’église catholique, Rovelson Apollon, qui recommande le vote d’un « cadre légal clair et correct » au parlement pour trouver une solution à ce problème.

Apollon attire l’attention sur des cas de kidnapping et violences armées notamment entre gangs qui ont refait surface à cause de l’impuissance de la police alors que Godson Orélus dit se réjouir de la baisse de l’insécurité dans le pays, ces derniers temps, en dépit des problèmes politiques.

Des crépitements d’armes de toutes sortes sont entendus, de manière intempestive, à la capitale, Port-au-Prince, surtout à Cité Soleil, où des gangs rivaux s’affrontent ces jours-ci, rapporte t-il.

Deux personnes dont une adolescente de 6 ans sont mortes lors d’affrontements entre bandes armées dans les quartiers de Simon et Pelé (Cité Soleil), dans l’aire de l’aéroport international de Port-au-Prince, le mercredi 14 janvier 2015.

Une bande dénommée « Baz 117 » aurait repris du poil de la bête face à la police, dans la zone sud de Delmas.

Il y a une absence de cadre légal pour contrôler la circulation d’armes illégales dans le pays notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, critique t-il.

Cette circulation d’armes illégales met en cause la faiblesse et l’impuissance de l’Etat à réagir contre le phénomène qui constitue une menace pour le respect des droits humains, fait-il remarquer.

« Il faut un corps de sécurité étatique pour assurer la sécurité des parlementaires. Les parlementaires ne peuvent pas employer n’importe comment des cousins, frères et amis pour veiller à leur sécurité », plaide Antonal Mortimé.

La Pohdh encourage l’Etat à légiférer sur ces dérives existantes en Haïti où la situation d’insécurité demeure très fragile. La plateforme continue par ailleurs à demander justice pour les personnalités du secteur démocratique assassinées dans le pays, à l’image de Jean Léopold Dominique, le couple Dorsinvil et Brignol Lindor.

Petit rappel historique

Ce phénomène de circulation d’armes non-contrôlées remonte à plus d’une vingtaine d’années, avance Mortimé.

Les assassinats de leaders d’opinion, de directeurs de médias et de défenseurs de droits humains sont le résultat de la circulation de ces armes, estime t-il.

Depuis le départ de Duvalier en 1986, les tontons macoutes, des membres du groupe paramilitaire dénommé “Front pour l’avancement et le progrès d’Haïti” (Fraph), des militaires démobilisés des Forces armées d’Haïti (Fad’h) et des partisans lavalas n’ont pas été désarmés, dénonce t-il.

Personne n’a demandé où est passée la commande d’armes en provenance d’Israël qui aurait été effectuée par la primature sous l’ancien premier ministre Laurent Salvador Lamothe, selon des dénonciations publiques faites par des sénateurs, condamne le secrétaire exécutif de la Pohdh. [emb kft gp apr 26/01/2015 15 :10]