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Haïti-Documentaire : Arnold Antonin s’infiltre dans l’univers complexe de Franckétienne

P-au-P, 19 janvier 2015 [AlterPresse] --- Le poète, dramaturge, comédien et peintre, Franckétienne, a été appréhendé dans sa complexité artistique dans la « Traversée des mondes de Franckétienne », un film documentaire du cinéaste haïtien, Arnold Antonin, présenté à la presse ce lundi 19 janvier 2015.

Ce documentaire fait intervenir l’éclairage d’écrivains et d’artistes comme Lyonel Trouillot, Dany Laferrière, Kettly Mars et Ricardo Lefèvre autour de la personnalité et l’oeuvre de Frankétienne.

Filmé dans son atelier en train de mélanger des couleurs sur des canevas, Franckétienne est présenté, dans ce documentaire, comme un rude travailleur artistique, jusqu’au jour où son cancer de la prostate lui révèle sa fragilité.

Sa mégalomanie incontestable pourrait pousser les autres à le catégoriser comme un être trop grand pour faire montre de sensibilité et de faiblesse.

Pourtant, le personnage est aussi capable de pleurs.

A la rencontre de ses proches, un voyage à Ravine sèche (Artibonite, Nord), sa terre natale, lui a fait monter des larmes aux yeux.

Fruit d’un viol subi par sa mère, Franckétienne est présenté comme un authentique fils d’un blanc et d’une paysanne, partagé entre deux mondes totalement différents.

Malgré son métissage, il reconnait qu’il est « un nègre », son propre « clown » et « un mythe » dans le monde artistique.

Franckétienne fait montre d’une dose de sincérité qui le rend intéressant, reconnait le réalisateur Arnold Antonin dans un commentaire sur le film en marge de la projection.

Etre la femme d’un artiste est compliqué, être la femme de Franck est encore plus compliqué, témoigne Marie-André, épouse de l’artiste.

Toutefois, cette complication ne l’empêche pas d’être hyper protecteur envers ses enfants.

Son œuvre

Les angoisses du pays traversent l’œuvre de Franckétienne qui entend rompre avec ce qu’il qualifie de "prédation", de "génocide physique et culturel", selon le film.

Les pièces de théâtre « Kaselezo », « Pèlen tèt », « Foukifoura » constituent autant de cris de révolte face aux dérives de la société.

Ancrée dans le social, la pièce à succès « Pèlen tèt » a été jouée 33 fois avant d’être censurée sous la dictature de Jean-Claude Duvalier durant les années 1970.

Avec des lexiques recherchés, Franckétienne livre avec sa voix des descriptions de scènes extrêmement étonnantes comme les combats de cop à travers le documentaire, rythmé par des numéros de danse vaudou.

Ce documentaire sur Franckétienne, qui dure 1heure et 26 minutes sera présenté en avant-première, le jeudi 22 janvier 2015 à Pétionville.

Né en 1936, Franckétienne, de son vrai nom Jean-Pierre Basilique d’Antor Frank Etienne d’Argent, a fondé avec Jean-Claude Fignolé et René Philoctète, le spiralisme, théorie artistique qui est à la base de son oeuvre.

Il a à son actif une quarantaine de titres. [emb kft gp apr 19/01/2015 15 : 35]