P-au-P., 9 avr. 02 [AlterPresse] --- Les manifestations paysannes prévues le 8 avril lors de la pose de la première pierre pour une zone franche industrielle dans la plaine de Marie Bahoux dans le Nord-Est n’ont pu avoir lieu en raison de diverses manœuvres et pressions des autorités locales, selon des témoignages recueillis sur place.
Des groupements paysans liés au réseau Solidarité Frontalière ont fait savoir à AlterPresse que les banderoles et pancartes préparées pour la circonstance en Créole et Espagnol ont été saisies par les autorités de la Délégation du Nord-Est. Les paysans contestataires ont été soigneusement tenus à distance et il leur a été promis que leurs revendications seraient remises au Président Jean Bertrand Aristide à Port-au-Prince.
Déjà , au cours du week-end écoulé, des convois de véhicules appartenant à l’administration publique, dont ceux du ministère de l’intérieur, ont été vus dans la région. Un employé de ce ministère dont l’identité n’a pas été précisée s’est longuement entretenu avec des groupes de paysans pour tenter de prévenir toute éventuelle action de protestation, a encore appris AlterPresse.
Les témoignages recus indiquent que le Chef de l’Etat haïtien ne s’est pas rendu dans la ville de Ouanaminthe et a rencontré son homologue dominicain dans la plaine de Marie Bahoux, sur l’emplacement réservé a la construction de la zone franche. Les paysans se plaignent qu’une plantation de mais ait été rasée en vue d’improviser une piste d’atterrissage pour l’hélicoptère du Président.
L’opération s’est déroulée sous haute surveillance militaire et policière des deux pays. Une forte présence de la presse dominicaine a été constatée, deux chaines de télévision retransmettant l’évènement en direct, tandis que du coté haïtien, la couverture de presse était plutôt réduite. La presse haitienne n’a su qu’a la dernière minute que le président haitien devait se rendre à Ouanaminthe.
Dans son discours de circonstance, Aristide a repris en substance les propos bien connus du Président dominicain Hypolito Mejia : Le mariage d’Haïti avec la République Dominicaine ne suppose pas de divorce et le projet commun de zone franche frontalière est le premier fruit de cette union.
Le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR) et la Plate-forme Haitienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) ont dénoncé ce 8 avril le lancement en catimini du projet de zone franche dans la fertile plaine de Marie-Bahoux, sans consulter les acteurs concernés et sans ratification du parlement.[gp apr 09/04/02 05:00]