P-au-P, 15 janv. 2015 [AlterPresse] --- Les quatre partis politiques de l’opposition et le président Joseph Michel Martelly sont en discussion autour des corrections, à apporter à l’accord trouvé, dans l’après midi du dimanche 11 janvier 2015, peu de temps avant le dysfonctionnement du parlement, indique Jonas Coffy de l’organisation politique Ayisyen pou Ayiti, dans une interview accordée à AlterPresse.
Le document du 11 janvier 2015 a été signé par Martelly et les responsables des partis Ayisyen pou Ayiti, Inite, Kontra pèp la et Fusion des sociaux-démocrates haïtiens.
« Aujourd’hui, nous discutons pour savoir si nous allons maintenir le nouveau premier ministre choisi ou s’il faut désigner un autre premier ministre de consensus », explique Coffy, précisant qu’une rencontre est fixée pour 5:00 pm (22:00 gmt), ce jeudi 15 janvier 2015, sur ce sujet.
Le point central des discussions en cours concerne l’article 17 de l’accord du 11 janvier 2015, selon lequel « les parties signataires constatent qu’un premier ministre a été nommé par le président de la République, sans l’accord de toutes les parties ».
Les nouveaux pourparlers du 15 janvier 2015 devraient porter, notamment, sur la façon unilatérale de la présidence d’avoir désigné Evans Paul comme premier ministre.
« Cette nomination étant faite, le président de la République, dans le respect de la Constitution, prendra, s’il le désire, les mesures nécessaires en vue d’obtenir la confiance des chambres. En cas de rejet, un nouveau premier ministre sera choisi par consensus et le gouvernement formé de la même façon », selon l’article 17 du document du 11 janvier 2015.
Le hic, posé par cet article, est qu’il ne prévoyait pas de dispositions au cas où le parlement serait dysfonctionnel dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 janvier 2015 (à minuit).
A partir du 12 janvier 2015, seulement 10 membres sont en fonction au sénat, alors que le mandat de la chambre des députés a expiré.
Le dysfonctionnement du parlement participe d’un complot entre les pouvoirs législatif et exécutif pour entrainer le pays dans la situation actuelle, accuse le parti politique Ayisyen pou Ayiti .
Le parti politique Ayisyen pou Ayiti plaide pour la mise en place d’une commission de suivi et de contrôle, comprenant les dix sénateurs en fonction, les partis politiques, l’exécutif et la société civile, pour s’assurer du bon fonctionnement des institutions étatiques.
Parallèlement, le premier ministre désigné Evans Paul s’active à la formation de son cabinet.
Il a fait savoir, le mercredi 14 janvier 2015, que son équipe sera formée, avant la fin de la semaine, en consultation avec les partis politiques.
L’annonce de la formation de ce nouveau gouvernement est une information qui concerne, personnellement, Evans Paul, mais non les quatre partis politiques qui sont toujours en pourparlers avec Martelly sur l’accord, réagit Coffy.
Les discussions entre l’exécutif et les partis politiques doivent « inévitablement » permettre d’apporter des corrections à certains articles de l’accord, avant la constitution d’un gouvernement de consensus, reste-t-il convaincu.
Pour sa part, le parti Fanmi Lavalas réaffirme ne pas être concerné par la nomination d’Evans Paul, faite de façon unilatérale et en dehors de tout consensus et compromis.
L’accord, trouvé entre les quatre partis de l’opposition et Martelly, n’inclut pas les « véritables forces » de l’opposition comme Fanmi Lavalas, Platfòm Pitit Desalin, le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) et les organisations populaires de base, soutient l’ancien sénateur et membre du parti Fanmi Lavalas, Louis Gérald Gilles.
Gilles en profite pour exprimer sa déception face à la position, affichée par les quatre partis politiques, de signer un accord avec un pouvoir qui refuse tout compromis, selon lui.
Optant pour le choix d’un premier ministre sur la base d’un consensus et l’organisation d’élections générales libres, honnêtes et crédibles, Fanmi Lavalas appelle à la poursuite de la mobilisation sur le terrain pour faire entendre raison à Martelly.
« Seuls l’esprit de dialogue et de modération, la sagesse politique, peuvent conduire à la création de conditions, favorables à l’organisation d’élections libres, crédibles, transparentes et inclusives », estime, de son côté, l’organisation du peuple en lutte (Opl) lors d’une conférence de presse ce jeudi 15 janvier 2015. [emb kft rc apr 15/01/2015 13:50]