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Haïti-Choléra : La communauté humanitaire inquiète face à de nouvelles flambées

Le Mspp annonce avoir privilégié le renforcement des institutions sanitaires, plutôt que les Ctc, pour la prise en charge des malades

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 15 janv. 2015 [AlterPresse] --- La communauté humanitaire continue d’exprimer ses inquiétudes par rapport aux flambées de choléra, indique un bulletin du Bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires (Ocha) en Haïti, transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Le bulletin d’Ocha signale une augmentation de nouveaux cas, vus pour le mois de novembre 2014 comparé à la même période en 2013.

6,765 cas vus ont été rapportés en novembre 2014 contre 6, 617 cas au mois de novembre 2013, indiquent les derniers chiffres officiels.

Cette récente tendance à la hausse et le contrôle insuffisant des flambées rendent la situation alarmante et risquent de réduire les chances d’atteindre un résultat proche de l’élimination de cette épidémie en 2015, avertit Ocha.

Des communes « rouges » ont été répertoriées dans le Sud, le Nord et l’Artibonite depuis début janvier 2015, reconnaît le coordonnateur national de la lutte contre le choléra au Ministère de la santé publique et population (Mspp), Donald François, dans un entretien à l’agence en ligne AlterPresse.

« Nous avons les moyens et nous sommes préparés pour gérer toute augmentation de cas de choléra, pour qu’ils n’atteignent pas des flambées exagérées », tente-t-il de rassurer.

Pourtant, la situation sanitaire serait critique, dans de nombreux Centres de traitement de choléra (Ctc), à cause d’une absence de pédiluves, de points de lavage des mains, de toilettes fonctionnelles, de lieux dédiés aux accompagnants des malades, selon le bulletin d’Ocha.

En dépit de plus de 50% de réduction des cas de choléra, observés en 2014 par rapport à 2013, la communauté humanitaire encourage la poursuite des actions efficaces pour répondre immédiatement à chaque alerte et réduire la chaîne de contamination et la propagation de la maladie.

La mise en œuvre du plan national d’éradication du choléra, lancé en février 2013, est à sa première phase qui doit prendre fin en février 2015.

Ce plan s’étendra jusqu’à 2022 sur l’île d’Haïti (les Républiques dominicaine et haïtienne).

Renforcer les institutions sanitaires plutôt que les Ctc

La capacité des institutions sanitaires est renforcée, de préférence, par rapport aux Ctc, pour la prise en charge des patientes et patients atteints de choléra, explique Dr. François.

Les Ctc - qui étaient en première ligne en 2010-2011 - ont réduit, peu à peu, leurs activités de prise en charge, en raison d’une stratégie visant à intégrer le choléra dans le paquet essentiel de services.

« Nous sommes prêts, en cas de flambées dans une zone, pour rouvrir les Ctc fermés. Mais, s’il existe d’autres moyens, ils seront privilégiés », soutient-il.

« Un pourcentage élevé (parfois jusqu’à un quart) des personnes, qui sont arrivées à un Ctc accompagnant des patients, se sont retrouvées dans l’obligation de s’occuper de ces derniers en l’absence d’un personnel de santé », rapporte le bulletin d’Ocha.

Le document souligne une fréquence des décès institutionnels, faute de surveillance.

Des ressources suffisantes sont nécessaires pour, non seulement couvrir tous les besoins au premier semestre 2015 (surveillance, prise en charge, réponse communautaire, préparation de la saison des pluies), mais s’assurer aussi de la disponibilité de mécanismes et des ressources au second semestre, en cas de nouvelles flambées, préconisent les institutions humanitaires.

Un renforcement de la réactivité de la coordination départementale et des Offices régionaux d’eau potable (Orepa), pour la chloration des réseaux urbains, est souhaité, surtout dans les contextes urbains complexes.

Depuis son apparition en 2010 en Haïti jusqu’au 10 janvier 2015, l’épidémie de choléra a déjà fait 8,827 mille morts sur un total de 726,358 mille personnes infectées. [emb kft rc apr 15/01/2015 8:20]