P-au-P, 14 janv. 2015 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) estime catastrophique la situation actuelle du pays, en revenant sur les diverses décisions prises par les autorités haïtiennes en ce qui concerne le développement et la reconstruction, 5 ans après le séisme du 12 janvier 2010.
La coordination de l’aide internationale, la réalisation des droits sociaux, économiques et politiques du peuple sont les principaux critères retenus par le Rnddh dans le cadre de son observation.
Le réseau revient sur la gestion « opaque » de la Commission intérimaire de la reconstruction (Cirh) des fonds alloués à la reconstruction.
Établie au mois d’avril 2010, environ 4 mois après le séisme, la Cirh a été « un instrument lourd, inapte à s’emboiter et fournissant à des étrangers la latitude de décider des grandes lignes d’intervention pour le développement et les reconstructions d’Haïti », considère le Rndh.
Sans aucun audit, la Commission a été remplacée par le Cadre de coordination de l’aide externe au développement d’Haïti (Caed) au mois de septembre 2012 et par la construction de bâtiments publics.
Jusque-là, ce sont des chantiers toujours en cours.
Les « promesses étatiques d’amélioration des droits à l’éducation, à la santé, au logement, à l’alimentation sont en réalité restées lettre morte », explique le Réseau.
De nombreuses manifestations sont organisées pour dénoncer les conditions de vie précaires de la population.
Pour le logement, environ quatre villages sont construits, mais près de 80 mille personnes sont toujours sous des tentes, dans 9 communes situées dans le département de l’Ouest.
Le Rnddh critique l’empressement des autorités à exproprier et démolir les édifices au centre-ville déclaré d’utilité publique comme si des constructions étaient imminentes, pourtant rien n’y est fait à date.
Sur le plan économique, aucune amélioration nette des conditions de vie de la population n’a été remarquée, rapporte le Réseau.
Les mendiants ont même augmenté dans les rues.
Politiquement, le pays fait face à « une mauvaise gouvernance caractérisée », occasionnant une insécurité généralisée, le non respect des droits humains, une instabilité politique chronique, la pauvreté extrême et le sous-développement.
Considérant cette situation qui ne s’améliore pas, le Rnddh recommande aux dirigeants « d’accorder une plus grande place respect aux valeurs et principes de droits humains dans la reconstruction ».
Les agences internationales pourvoyeuses de fonds pour la reconstruction, sont appelées, de leur côté, à « exiger que les différents projets mis en œuvre dans le contexte post-séisme soient audités et que les rapports d’audits soient rendus publics ». [apr 14/01/2015 13 :50]