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Après des journées de violence à Port-au-Prince

P-au-P., 5 oct. 04 [AlterPresse] --- Les activités ont repris timidement ce 5 octobre au centre commercial de Port-au-Prince suite à des violences qui ont débuté dans la soirée du 29 septembre et qui ont fait jusqu’à présent officiellement 18 morts, dont 10 policiers.

Malgré des tirs sporadiques à Martissant (périphérie sud) et Bel-air (périphérie nord), les activités paraissaient vouloir se normaliser avec l’ouverture de magasins, de banques et le retour des étalagistes sur les trottoirs.

Une présence remarquée de la police est constatée sur certaines artères et des édifices publics tels le bureau du Premier Ministre et le palais présidentiel sont toujours gardés par des soldats de la Mission Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH), montés sur des tanks.

Ce 4 octobre, le président provisoire Boniface Alexandre avait dénoncé les récentes violences perpétrées à la capitale et justifié l’arrestation le 2 octobre de 3 ex-parlementaires du parti de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, soupconnés d’implication dans ces sanglantes actions.

« La justice ne saurait rester indifférente » face a de tels crimes, a déclaré Alexandre en marge de sa participation à une cérémonie réalisée au palais de justice de Port-au-Prince à l’occasion de la réouverture des tribunaux.

Le chef de l’Etat, ancien président de la Cour de Cassation, a défendu la légalité de l’opération policière du 2 octobre, qui suscite la controverse dans certains milieux. Alexandre a soutenu également que l’arrestation des ex parlementaires ne revêt aucun caractère politique.

« Un gouvernement qui se respecte ne peut rester insensible aux (récents) actes de violence (qui ont vu la décapitation de plusieurs policiers) », avait affirmé la veille le Premier Ministre Gérard Latortue.

Le Chef du gouvernement avait dénoncé l’opération lancée à la veille du 13ème anniversaire du sanglant coup d’Etat militaire du 30 septembre 1991 sous le nom de code d’ « opération Bagdad ».

Les partisans de l’ancien régime avaient annoncé qu’ils allaient maintenir la pression jusqu’au retour physique de Jean-Bertrand Aristide en Haiti. Des tirs tous azimuts, l’érection de barricades enflammées, des manifestations de rue, le cambriolage de magasins, la dispersion brutale des marchés publics, la destruction de véhicules publics et privés par incendie ou jets de pierres et des affrontements directs avec les forces de l’ordre avaient été enregistrés.

Gérard Latortue s’était également dit « insatisfait » de l’attitude de la MINUSTAH. « Personnellement, je ne suis pas content », avait-il confié à la presse, précisant que, selon lui, la MINUSTAH ne jouait pas son rôle. Latortue avait exprimé son intention de voir à ce sujet le Chef de la Mission, Gabriel Valdes, ou même le Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan.

Gabriel Valdes n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué parvenu à AlterPresse, le Chef de la MINUSTAH « regrette vivement qu’une manifestation pacifique (30 sept) ait été l’occasion de brutalités et de violences ». Il « condamne sans réserve le meurtre sauvage de plusieurs agents de police ».

A propos des arrestations qui ont suivi, « il appartiendra à la justice haïtienne de se prononcer » sur leur légalité, estime Valdes qui dit avoir obtenu des autorités haïtiennes « l’assurance que les droits des suspects seraient pleinement respectés ».

« La MINUSTAH continue à se renforcer pour pouvoir aider la police haïtienne à maintenir l’ordre public, assurer la sécurité des citoyens et la protection des biens et faire respecter l’Etat de droit », affirme d’autre part Gabriel Valdes, qui appelle les Haitiens a « emprunter la voie du dialogue ».

D’autres opérations de violences et d’intimidations pourraient se produire à Port-au-Prince, selon des sources bien informées. Le Ministre de la justice, Bernard Gousse, a annoncé à la presse que d’autres personnes seront arrêtées. [gp apr 05/10/2004 13:00]