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Haïti-Infrastructures : Protestation des riverains contre le mauvais état du tronçon Gonaïves/Ennery

Correspondance Exalus Mergenat

Gonaïves, 10 janv. 2015 [AlterPresse] --- Les riveraines et riverains, résidant le long du tronçon de route reliant Gonaives/Ennery à partir de Carrefour Turenne, continuent d’exiger une accélération des travaux, entrepris avec beaucoup trop de lenteur, depuis plusieurs mois, par la firme vénézuélienne Vinccler-Remix.

Plusieurs parties de ce tronçon de route sont décapées.

Ce qui fait soulever beaucoup de poussière au passage des véhicules, laquelle poussière met les maisons dans un état lamentable à longueur de journée et paralyse les activités économiques de petites commerçantes et de petits commerçants.

Après un mouvement de réprobation des riverains le lundi 5 janvier 2015, des camions du Conseil national des équipements (Cne, Haïti) et de la Mission des Nations unies de stablisation en Haïti (Minustah) ont pris soin, le lendemain mardi 6 janvier 2015, d’arroser une bonne partie du tronçon Gonaïves-Ennery.

Le lundi 5 janvier 2015, les résidentes et résidents des quartiers de Pont-Quenêpe et de gattereau ont bloqué, en plusieurs endroits, ce tronçon de la nationale numéro 1.

L’objectif a été de dénoncer la lenteur des travaux de réhabilitation et le mauvais état de ce tronçon, selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.

Tôt dans la mâtinée du 5 janvier, les riverains ont érigé des barricades de pneus usagés enflammés, de troncs d’arbres et pierres, empêchant la circulation pendant plus de trois heures de temps.

L’intervention des agents de l’Unité départementale pour le maintien de l’ordre (Udmo) a permis le déblocage de la route et la reprise normale de la circulation.

Le tronçon reliant Gonaives/Ennery, à partir de Carrefour Turenne, reste un véritable calvaire pour les usagères et usagers, particulièrement pour les riveraines et riverains.

Les chauffeurs de camionnettes et de tap-tap, assurant le trajet Gonaives/Poteau, Gonaives/Ennery, les motocyclistes, les piétonnes et piétons empruntant cette voie, toutes et tous éprouvent de grandes difficultés.

« Bien avant les fêtes de fin d’année 2014, les responsables de la firme vénézuélienne avaient pris l’habitude d’arroser le tronçon pour soulager les usagers [de la poussière]. Mais, depuis plusieurs jours, ils seraient partis en congé annuel en nous laissant dans cette situation difficile », fustige un protestataire.

Pour se prémunir contre la poussière, les passagères et passagers, à bord des camionnettes de transport public, utilisent soit un morceau de tissus soit un mouchoir.

Arrivés à destination, elles et ils doivent se dépoussiérer.

« Cette situation a déjà de graves conséquences sur la santé des enfants. Certains bébés de la zone souffrent de problèmes respiratoires », confie une mère de famille.

L’environnement crasseux et poussiéreux, que représente le tronçon Gonaïves - Ennery - long de 27 kilomètres - oblige les riveraines et riverains à fermer, pendant la journée, les portes de leurs maisons, perdant l’éclat de leur peinture sous l’effet de la poussière.

« J’en ai marre (de cette situation). Il faut que les autorités fassent quelque chose pour alléger notre souffrance, en attendant la fin des travaux », dit Serge Jean-Philippe, un résident de Gattereau.

Les plus exposés à cette situation sont les piétons et motocyclistes, qui reçoivent, en plein visage, des couches de poussière éclaboussant leurs vêtements au passage des véhicules.

« Les chauffeurs des véhicules, qui passent généralement en trombe sur ce tronçon, ne se soucient de personne », se lamente Panel Germain, un riverain.

Au moins les responsables de la firme, chargée d’exécuter les travaux, devraient metrre à disposition un camion-citerne pour arroser le tronçon, afin d’atténuer la situation des riverains et usagers, estime Germain.

« Tant en saison sèche qu’en saison de pluvieuse, circuler sur cette voie, remplie de nids de poule, devient un parcours de combattant », révèle un motocycliste.

Les propriétaires de voitures éprouvent aussi des difficultés à garer ou sortir leurs véhicules du parking de leurs maisons, à cause des travaux de canalisation, non encore achevés et obstruant l’entrée de leurs résidences.

Des individus malintentionnés profitent de cette situation pour dépouiller, pendant la nuit, certains véhicules - garés en pleine rue - de batteries, phares et pneus.

Le temps mis dans la finition de ces ouvrages publics, a aussi de graves conséquences sur les marchandes et marchands de fritures qui ne peuvent point mener leurs activités économiques.

Alors que ces travaux font éprouver de grands chagrins aux riverains et usagers, un ralentissement très prononcé est constaté dans leur exécution, signale l’ancien vice-délégué de l’arrondissement des Gonaives, Jacques Woubins Bordenave.

« Les responsables de la firme Vinccler-Remix devraient mettre les bouchées doubles, afin de terminer les travaux qui durent depuis déjà trop longtemps », suggère l’ancien vice-délégué.

Les autorités communales des Gonaives devraient aussi rencontrer les responsables de la firme sur la cause de ce ralentissement, demande Jacques Woubins Bordenave.

Les travaux de construction du tronçon Gonaïves-Ennery causent, par ailleurs, des torts à l’environnement du haut Artibonite déjà fragile.

Des arbres, comme des flamboyants et des campêches - bordant les deux cotés de ce tronçon au niveau de Mapou Chevalier et Passe-Reine - ont été abattus par la firme Consorcio Vinccler-Remix.

La firme aurait fait une exploitation abusive des carrières de sable du morne la Coupe Pintade, situées entre Poteaux, 4e section communale des Gonaives, et Passe-Reine 2e section communale d’Ennery, dénonce un habitant de la zone.

Financés à hauteur de 45 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 47.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui) par la banque interaméricaine de développement (Bid), les travaux de réhabilitation de la route Gonaives/Ennery - entamés en mars 2014 et qui devraient durer 28 mois (jusqu’au mois de juin 2016) -, devraient faciliter le transport entre les départements de l’Artibonite et du Nord. [em kft rc apr 10/01/2015 1:50]