P-au-P, 29 déc. 2014 [AlterPresse] --- L’Exécutif doit apporter des corrections à sa « décision unilatérale » de nommer Evans Paul comme premier ministre, recommandent des partis de l’opposition dans un communiqué conjoint signé ce lundi 29 décembre 2014.
Procédant « unilatéralement » à la nomination d’un premier ministre alors que les négociations étaient en cours, « le président de la république a cassé la dynamique qui aurait pu restaurer un climat de confiance et aboutir à une solution durable de la crise politique », dénoncent la Fusion des sociaux-démocrates, Ayisyen pou Ayiti, Inite, Kontra Pèp la, dans ce communiqué conjoint.
Ils appellent l’exécutif « à corriger son erreur, à convaincre les partis de l’opposition et la nation tout entière qu’il veut vraiment une solution de consensus et que cela vaut la peine de continuer à en discuter avec lui ».
Le citoyen Evans Paul a été désigné comme premier ministre suite à la démission du premier ministre Laurent Lamothe et de son gouvernement, par un arrêté présidentiel, en date du 25 décembre 2014.
La désignation d’un premier ministre fait partie des recommandations de la commission consultative présidentielle mise en place pour trouver une issue à la crise pré-électorale.
La nomination d’un premier ministre et la formation d’un gouvernement de consensus devraient être le résultat de négociations entre le président de la République et les principaux acteurs politiques, notamment ceux de l’opposition, rappellent ces partis.
Ils critiquent aussi les manœuvres de la présidence qui a choisi « de passer outre la première des mesures conjoncturelles contenues dans le rapport qu’il a pris publiquement l’engagement de mettre en œuvre ».
« Aucun secteur ne peut prétendre détenir à lui seul la réponse aux crises conjoncturelles et structurelles que connait le pays ni décider unilatéralement de la voie à suivre », insistent-ils.
Ces partis disent entendre continuer de privilégier les négociations entre Haïtiens et la mobilisation citoyenne comme moyen pour éviter le chaos et la confrontation.
La confiance indispensable pour parvenir à une solution négociée a été rompue par la décision unilatérale de nommer Evans Paul comme premier ministre, estiment-ils.
« Cette décision (de l’exécutif) va à l’encontre du dialogue enclenché. Le parti Fanmi Lavalas n’est pas concerné par cette nomination qui ne lui inspire pas confiance », affirme la coordonnatrice de Fanmi Lavalas, Maryse Narcisse, jointe au téléphone par AlterPresse.
La mobilisation pacifique en cours est « nécessaire et indispensable » pour déboucher sur « une entente nationale », estime t-elle.
Une frange de l’opposition continue d’exiger le départ du président Michel Martelly tout en appelant à des élections générales anticipées, seule issue, selon elle, au blocage politique.
Pour sa part, le sénateur Francisco De La Cruz de l’Organisation du peuple en lutte (Opl) dit n’entendre, en aucun cas, ratifier un premier ministre, incapable de lui donner un gouvernement qui inspire confiance c’est-à-dire un gouvernement avec des hommes et femmes ayant un minimum de moralité et d’intégrité.
« Nous avons besoin d’une solution à la crise, mais cela ne veut pas dire qu’on soit prêt à accepter n’importe quoi », met-il en garde, rappelant que le premier ministre doit avoir, entre autres, comme mission de rassembler toutes les forces vives de la nation et d’organiser les élections à la fin de l’année 2015.
Il serait souhaitable que les sénateurs et députés restent à leurs postes après la date d’échéance de leur mandat, fixée au 12 janvier 2015, jusqu’à la réalisation des élections, en vue d’éviter un vide institutionnel, espère t-il.
Au cas où le mandat des parlementaires serait prolongé, l’amendement à la loi électorale devrait être voté pour permettre l’organisation des élections dans le pays, encourage Francisco De La Cruz.
L’organisation des prochaines élections devrait permettre le renouvellement de 2/3 du sénat, de la chambre des députés et des collectivités territoriales.
Le président du sénat, Dieuseul Simon Desras, a déjà exprimé son intention de ne pas discuter avec l’Exécutif sur le choix d’Evans Paul comme premier ministre, avant que soit réglée la question de la prorogation du mandat des parlementaires, après le 12 janvier 2015.
Personne ne peut dissoudre le parlement, l’empêcher de fonctionner ni prolonger le mandat des parlementaires suivant l’article 111-8 de la Constitution haïtienne de 1987, réagit Wesner Polycarpe, un des 6 sénateurs farouchement opposés au pouvoir.
« En aucun cas la chambre des députés ou le Sénat ne peut être dissout ou ajourné, ni le mandat de leurs membres prorogé », dispose cet article.
Entre temps, le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) annonce la poursuite de la mobilisation pour forcer Martelly à laisser le pouvoir, lors d’une conférence de presse ce lundi 29 décembre et à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse. [apr 29/12/2014 15 : 55]