P-au-P., 4 oct. 04 [AlterPresse] --- L’automne se fait chaud en Haïti avec les derniers évènements de l’actualité politique, marquée par des violences et l’arrestation de 3 ténors de Famille Lavalas, parti de l’ancien Président Jean Bertrand Aristide.
Les ex-parlementaires lavalas Gérald Gilles, Roudy Hérivaux et Yvon Feuillé ont été arrêtés ce 2 octobre à Port-au-Prince, au local de la station privée Radio Caraibes. Ils sont soupçonnés par des responsables de la sécurité d’implication dans des violences qui ont fait, le 30 septembre, environ 9 morts dans les rangs de la police.
Durant toute la journée plusieurs unités policières avaient pris position autour du local de Radio Caraibes où les trois responsables de Famille Lavalas prenaient part à un débat aux côtés d’Evans Paul et Himmler Rébu, deux dirigeants de l’ancienne opposition.
Des négociations pour empêcher l’arrestation des responsables lavalas à l’intérieur de la station ont duré la majeure partie de la journée et peu avant 6 :00 du soir, deux juges, accompagnés de policiers en civil, ont forcé les portes de Radio Caraibes et procédé à l’arrestation des ex parlementaires.
Selon le ministre de l’Intérieur, Hérard Abraham (chef par intérim du gouvernement en l’absence du premier ministre) et son collègue de la justice, Bernard Gousse, l’arrestation des 3 dirigeants politiques est justifiée par leur implication directe dans les derniers actes de déstabilisation enregistrés à la capitale au cours desquels environ 9 policiers ont été tués, dont deux décapités.
Les 2 ministres soulignent que l’action du gouvernement ne concerne en rien la liberté d’expression et encore moins celle de la presse. Ils soutiennent par contre qu’il était impérieux pour le gouvernement, au nom de la sécurité et de la stabilité de l’Etat, de profiter de la présence à Radio Caraïbes des 3 ex-parlementaires lavalas, activement recherchés, pour procéder à leur arrestation.
En signe de protestation contre l’irruption de l’appareil judiciaire (juges et forces de l’ordre) dans l’enceinte de la station, la direction de celle-ci a décidé de suspendre ses émissions et de les reprendre à une date non encore indiquée.
Le 30 septembre marquait le treizième anniversaire anniversaire du coup d’Etat militaire de 1991 contre l’administration lavalas durant le premier mandat d’Aristide. Les partisans de lavalas en avaient profité pour lancer une vaste mobilisation en faveur du retour de leur leader, Jean Bertrand Aristide.
Des tirs tous azimuts, l’érection de barricades enflammées, des manifestations de rue, le cambriolage de magasins, la dispersion brutale des marchés publics, la destruction de véhicules publics et privés par incendie ou jets de pierres et des affrontements directs avec les forces de l’ordre ont été enregistrés avec de nombreuses victimes dans les deux camps. Les activités commerciales avaient été paralysées à divers endroits de la capitale.
Les partisans de l’ancien régime ont annoncé qu’ils vont maintenir la pression jusqu’au mois de décembre. L’un des chefs de fil, Jn Mary Samedi, a déclaré à la presse que le quartier du Bel-Air, à quelques mètres du palais présidentiel, restera barricadé.
Les parages du Palais National, résidence du Chef de l’Etat, étaient fortement gardés durant tout le week-end par des soldats de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH).
Les résidents de la capitale n’ont pas caché leur appréhension vis-à -vis de la lourde atmosphère qui plane sur Port-au-Prince, où la tension monte. [gp apr - avec Radio Kiskeya - 04/10/2004 00:45]