P-au-P., 12-avr. 02 [AlterPresse] --- Cinq Haïtiens ont été tués et 37 autres blessés dans des circonstances diverses durant le premier trimestre de cette année en territoire dominicain, au niveau de la zone frontalière.
Le dernier indicent en date remonte au 13 mars dans la région située entre Dajabon et Santiago, au nord de la République Dominicaine. Selon des informations transmises à AlterPresse, une camionnette transportant 13 travailleurs haïtiens a refusé d’obéir aux ordres d’une patrouille militaire et les soldats ont tiré sur la camionnette blessant deux personnes. Une d’entre elles, Hornito Sechi a succombé des suites de ses blessures.
Auparavant, dans des mêmes conditions, à Guayubin, toujours au nord de la République Dominicaine, Marcellin Joseph, originaire de Plaine du Nord, a été tué et Wilfran Séide a été blessé.
Analysant cette situation, le Service Jésuite aux Réfugiés (SJR) a fait remarquer que trois incidents similaires avaient eu lieu dans la même region. Des gens connus comme "buscones" contactent les Haïtiens, leur font traverser illégalement la frontière et les mettent en contact avec des "trafiquants". Les véhicules qui les transportent sont souvent pris pour cible par les soldats de l’Armée dominicaine et les incidents ont généralement lieu au petit matin.
A ce jour, poursuit le SJR, les autorités dominicaines n’ont pris "aucune mesure efficace contre ce trafic" et leur action est "très limitée" : confiscations des camionnettes, fusillades contre les immigrants haïtiens et violations de leurs droits humains. Mais, les trafiquants oeuvrent en toute impunité", a encore affirmé le SJR.
En juin 2000, dans la même région de Guayubin, 6 Haïtiens et un Dominicain ont été tués lors d’une fusillade de militaires dominicains contre un véhicule suspecté de transporter des illégaux.
Au sud de la République Dominicaine, des cas d’assassinats d’Haitiens ont aussi été répertoriés durant les 3 derniers mois. Dans la nuit du 20 au 21 février dernier, Celisse Blanco, originaire de Fond – Verettes, a été assassinée et son cadavre brulé dans la localité de Limon où elle préparait du charbon de bois. Selon les informations communiquées à AlterPresse, les organismes dominicains de défense des droits humains entreprennent des démarches afin qu’une enquête approfondie soit conduite autour de ce cas.
Dans la soirée du15 janvier, Abdon Doresca, également de Fond-Verettes, a été assassiné dans la même localité de Limon, alors qu’il veillait sur la voiture d’un Dominicain a qui il avait vendu auparavant des légumes. Son cadavre a été enterré la nuit même sur le lieu du crime. La police de Jimani à chassé les parents de Doresca qui voulaient porter plainte.
Des militants de défense de droits humains ont souligné à AlterPresse la nécessité d’une prise en charge et plus de vigilance de la part des autorités haïtiennes sur la zone frontalière au niveau du département de l’Ouest, par où transite un important volume de marchandises et où s’effectuent également toutes sortes de trafics. Les paysans haïtiens traversent souvent la frontière pour écouler des produits tels que le pois congo, les légumes et pommes de terre provenant de la Forêt des Pins, de Savane Zonbi, etc. [gp apr 12/04/02 08:15]