P-au-P, 29 déc. 2014 [AlterPresse] --- Entre grandes douleurs et grosses frayeurs, l’année 2014 aura été aussi celle des épidémies en Haïti, durant laquelle le chikungunya, la dengue, le choléra et la fièvre hémorragique Ebola ont réussi à malmener les corps ou les esprits, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Habitué à endeuiller les familles haïtiennes depuis octobre 2010, le choléra n’a pas fait dans la dentelle durant l’année 2014.
Malgré la sécheresse, malgré une saison cyclonique extrêmement calme, l’épidémie de choléra a continué ses ravages.
Dans le Plateau Central, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, entre autres, les victimes se sont multipliées.
En l’espace de dix mois (janvier à octobre 2014), les autorités sanitaires haitiennes disent avoir rencencé 14 mille 869 cas et 132 morts. En quatre ans, l’épidémie a fait plus de 8 mille 600 morts.
Pourtant, pas moins de 184 mille personnes ont été vaccinées cette année. Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Sud-coréen Ban Ki-moon en personne, est venu lancer une campagne d’assainissement total dans le Centre, où l’épidémie a commencé en octobre 2010.
Des engagements ont été pris pour financer le plan d’éradication du choléra en Haïti. A New York, 52 millions de dollars ont été promis, dont 2 millions par les Nations unies (US $ 1.00 = 47.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui).
Mais les Nations unies ont continué à rester sourdes à la demande, formulée par des milliers de victimes, pour une reconnaissance de l’implication de leur mission de maintien de la paix dans l’introduction de la maladie.
Le jeudi 23 octobre 2014, à Manhattan (Etats-Unis d’Amérique), un juge a écouté ces victimes cependant et a décidé de remettre, à plus tard, sa décision sur la possibilité de considérer l’Onu comme partie dans le cadre des poursuites engagées contre elle.
Entre-temps, une autre habituée revient en force en Haïti : la dengue. La maladie reprend du poil de la bête, notamment à Léogâne (Ouest), municipalité à une trentaine de km au sud de la capitale. Mais ses victimes reçoivent moins d’attention que celles du chikungunya qui fait son apparition au début de l’année 2014.
Fortes fièvres, troubles digestifs dont diarrhée, vomissement, myalgies, arthralgies, éruptions cutanées, inflammations de différentes parties du corps, complications oculaires sont, entre autres, les manifestations de la fièvre chikungunya qui présente des similitudes symptomatiques avec la dengue.
Le Chikungunya est fulgurant. Il parvient à dépeupler, en plusieurs semaines, les bureaux, entreprises, établissemnts scolaires et autres, et à nourrir l’imagination populaire.
Très vite, en effet, le bruit court que le premier ministre Laurent Lamothe aurait amené, dans ses valises, le moustique aèdes qui a propagé la maladie.
A peine, essayait-on de se remettre des courbatures, causées par le fameux moustique tigre, que le spectre de la fièvre hémorragique Ebola surgit.
La psychose se dessine, d’abord, sur les réseaux sociaux, où circulent des images-choc de prétendues victimes de l’Ebola en Afrique. Ensuite, les rumeurs font le reste.
Il faut attendre le mois d’août 2014 pour que le Ministère de la santé publique et de la population (Mspp) annonce des mesures. Le mois suivant, le ministère demande aux agences internationales dans le pays de suspendre la rotation de leurs membres.
Le lundi 20 octobre 2014, le gouvernement présente fièrement son plan pour contrer une éventuelle apparition de l’Ebola en Haïti, lors du sommet extraordinaire de l’Alliance Bolivarienne pour les peuples des Amériques (Alba), tenu à la Havane (Cuba).
Quelques semaines auparavant, le Mspp interdit le départ de volontaires haïtiens vers les pays touchés en Afrique.
Cette interdiction intervient, suite à un appel international lancé par les Nations Unies à des volontaires désireux d’aider à lutter contre la maladie dans l’Ouest du continent africain, où la maladie fait rage.
Les Nations Unies ont lancé le même appel à leurs employés dans toutes leurs agences dans le monde, dont celles qui sont en Haïti. Plusieurs Haïtiens ont alors manifesté leur intérêt.
En novembre 2014, 140 gendarmes sénégalais, retenus pour rejoindre la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), se voient interdits d’embarquement.
Jusqu’à la fin de l’année 2014, les autorités haïtiennes semblent sur le qui-vive.
Le ministère de la santé publique a réitéré, le lundi 22 décembre 2014, les mesures préventives contre l’Ebola, dont l’interdiction de voyager dans les pays frappés. [apr 29/12/2014 0:25]