Español English French Kwéyol

Haïti-Sécurité : Des chiffres inquiétants, manifestant un désespoir

P-au-P, 23 déc. 2014 [AlterPresse] --- Environ 255 personnes, dont 223 par balles, sont déjà tuées au cours du dernier trimestre de l’année 2014, qui prend fin dans 8 jours, d’après un décompte de la commission nationale épiscopale (catholique romaine) Justice et paix (Jilap).

Des données, qui mettent la république d’Haïti plus près des pays ayant un haut taux de criminalité, considère l’analyste politique Alix Filsaimé dans des déclarations à l’agence en ligne AlterPresse.

« Ces chiffres sont extrêmement inquiétants, parce que, maintenant, nous commençons à nous rapprocher des pays avec un fort taux de criminalité, tels la Jamaïque, le Venezuela, le Nicaragua et le Honduras », déplore Alix Filsaimé, ancien président d’une ancienne Commission nationale de démantèlement, de désarmement et de réinsertion (Cnddr), instituée en 2006.

Ce n’est pas seulement en Haïti que les crimes connaissent une certaine remontée en fin d’année, reconnaît, toutefois, l’ancien député Alix Filsaimé.

Les méthodes, utilisées par la Jilap, ne sont pas semblables à celles de l’institution policière, estiment les autorités policières qui ne confirment pas les chiffres recueillis par Jilap.

Joint par AlterPresse, le porte-parole de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Frantz Lerebours, annonce, pour janvier 2015, le rapport de la Pnh sur les activités criminelles de cette fin d’année 2014.

Pour les deux trimestres antérieurs, avril à juin et juillet à septembre 2014, pas moins de 583 personnes, dont 488 cas tuées par balles, ont été victimes de violences.

Le sens de ces actes est à chercher dans « l’absence d’État dans sa globalité » - c’est-à-dire de « politiques publiques qui adressent les problèmes de la jeunesse » - et dans une « absence de contrôle des ports et des aéroports »
, d’après Alix Filsaimé.

Des « jeunes, nés dans les quartiers défavorisés…, grandissent sans perspectives ».

N’ayant pas d’ « alternatives sécuritaires », ils recourent aux armes et, dans d’autres cas, aux voyages maritimes clandestins, en quête d’une vie meilleure.

Les gangs sont de mieux en mieux organisés et renforcés.

Les inégalités sociales, les problèmes économiques et financiers de la population, majoritairement jeune et sans emploi, ajoutés aux discontinuités politiques, marquées par « un combat entre les protagonistes politiques pour une part de gâteau », sont tout aussi explicatifs de la réalité d’insécurité, fin 2014, en Haïti, soutient Filsaimé.

Lors de la présentation de son rapport, le vendredi 19 décembre 2014, la Jilap a surtout évoqué les dérives politiques comme source de violence dans l’aire métropolitaine de la capitale Port-au-Prince.

« Plus nous allons vers les élections, plus les crimes auront une connotation politique », craint Alix Filsaimé.

Il dénonce un « mode de gouvernance », axée sur une « politique redistributive partisane », par laquelle les candidats promettent satisfaction aux desideratas de leurs partisans. Ce qui favoriserait une remontée de la violence. [srh kft rc apr 23/12/2014 14:45]