Par Roody Édmé *
Spécial pour AlterPresse
Plus de cinquante ans que cela dure entre les Etats-Unis et Cuba !
Un blocus implacable, destiné à étouffer le projet révolutionnaire cubain, a été mis en place.
Depuis, aucune résolution des Nations-Unies, aucune initiative internationale n’ont altéré le régime des sanctions qui, au contraire, a été renforcé avec la loi Helms Burton dans les années 1990.
La levée des sanctions, décidée par le président Barack Obama, est une victoire diplomatique pour Cuba.
La république socialiste, en dépit de quelques dérives, liées en partie à la guerre permanente de basse intensité menée par la Central intelligence agency (CIA), a, non seulement résisté à l’embargo, mais a fait montre d’un certain activisme sur le plan international.
Cuba a tenté d’écrire de nouveaux chapitres dans la grammaire des relations internationales, en appuyant les luttes pour la décolonisation en Afrique et en envoyant ses brigades de médecins combattre les pandémies majeures à travers le monde.
Si l’on peut reprocher au gouvernement cubain une certaine fossilisation, une restriction des libertés au nom de « l’idéal » socialiste, on ne peut, nullement, nier le caractère généreux et solidaire du système social, mis en place dans la grande république Caraïbe.
Et surtout, la présence cubaine se révèle salvatrice sur tous les théâtres d’opération dans le monde, frappés par une quelconque détresse humanitaire.
Il y a quelques jours, un des grands journaux de la côte Est des Etats-Unis d’Amérique rendait hommage au courage et à la solidarité des équipes cubaines, en première ligne contre le virus Ebola en Afrique.
Sans se faire d’illusions sur une levée immédiate des sanctions, les diplomates cubains accueillent, non sans ravissement, cette décision américaine, qui scelle une reconnaissance de leur régime et permettra, à l’économie cubaine, de se soulager de l’étreinte mortelle de l’embargo.
Si la décision américaine est une victoire diplomatique pour l’équipe dirigeante à la Havane, elle réconcilie le président Obama avec toute une frange de son électorat aux Etats-Unis et aussi, et surtout, ses millions de supporteurs à travers le monde !
Le président américain, qui a perdu la majorité au congrès des Etats-Unis d’Amérique, n’entend pas rester paralysé, le reste de son mandat.
Après avoir pris une mesure audacieuse en faveur des immigrés, le voilà s’activant pour fermer la base de Guantanamo, du moins le centre de détention, symbole d’une Amérique qui torture ses prisonniers de guerre.
Le président, qui s’est, peut-être, souvenu, ces derniers mois, de son prix Nobel de la paix, en 2009, a décidé, d’aller au charbon et de se battre, enfin, pour des valeurs universelles, qu’il a défendues lors de sa première campagne électorale.
Sa décision a fait trembler les voûtes du capitole et provoquer un tir groupé contre sa personne, de la part de quelques élus démocrates et républicains, nostalgiques de la croisade anti-castriste.
Les tenants de l’Amérique impériale et conservatrice ressentent, sous leurs pieds, les lignes de faille, qui menacent de faire s’écrouler le vieil édifice de la guerre froide dans la ‘’ Méditerranée américaine’’.
Et, incapables de concevoir le monde autrement, qu’au siècle dernier (XXe siècle), et de reconnaître l’échec d’une diplomatie de privations, ils n’ont pas dit leur mot, ni n’ont pas tiré leurs dernières cartouches.
*Éducateur, éditorialiste