Español English French Kwéyol

Haïti-Insécurité : Menaces et agressions contre les défenseurs de droits humains durant l’année 2014

P-au-P, 15 déc. 2014 [AlterPresse] --- La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (Pohdh) dénonce des violences répétées contre les militants de défense des droits humains durant toute l’année 2014 qui tire à sa fin.

« Au cours de l’année 2014, les organisations de droits humains ont évolué dans une situation d’inquiétude et d’incertitude. Du mois de décembre 2013 à nos jours, beaucoup de personnes appartenant à des organisations de droits humains ont subi diverses sortes de violences en rapport avec leur travail », fait savoir Antonal Mortimé, secrétaire général de la Plateforme.

La liste des personnes ayant subi des violences au cours de cette année 2014 est longue, et des mesures urgentes sont nécessaires pour inverser cette tendance, dit-il.

Ces considérations ont été effectuées à l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits humains, le 10 décembre écoulé.

Selon la Pohdh, le pouvoir en place a « établi une politique d’intimidation et de répression contre le secteur démocratique ».

Antonal Mortimé rappelle qu’au début de l’année deux employés de la Pohdh ont été agressés par des individus non identifiés. Leurs ravisseurs ont eu le temps d’emporter leurs valises ainsi que des ordinateurs portables de la Pohdh, contenant plusieurs documents internes de la Plateforme.

Un autre employé de la Plateforme a subi les mêmes actes alors qu’il faisait une enquête sur le terrain. Ses agresseurs ont dérobé sa valise ainsi que toutes les fiches de l’enquête.

D’autres organisations de droits humains n’ont pas été épargnées par des tentatives d’intimidation. Ainsi, la militante du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) Marie Yolaine Gilles-Colas a essuyé plusieurs attaques de la part d’anciens sénateurs, sur fond de discrimination sexiste.

« En avril 2014, Pierre Espérance, coordonateur du Rnddh, a reçu une lettre contenant un projectile. Il a porté plainte, mais jusqu’à maintenant rien n’a été fait », rappelle Antonal Mortimé.

Le sénateur de l’Ouest John Joël Joseph avait dénoncé un plan d’assassinat contre Pierre Esperance.

Uu mois de mai 2014, Ketty Julien, directrice de l’Institut mobile d’éducation démocratique (Imed) a reçu une enveloppe, renfermant une lettre de menaces et un projectile.

A date rien aucune enquête n’a semble-t-il été conduite par la police, qui n’aurait pris aucune mesure pour freiner ces attaques contre les organisations de droits humains, selon Mortimé.

Le responsable de la Pohdh affirme avoir lui-même été la cible d’individus qui l’ont pris en photos pour le dénigrer et l’insulter.

Mortimé signale aussi le cas de l’avocat Patrick Florvilus qui a été contraint de prendre l’asile politique au Canada, lui qui défendait entre autres des victimes d’expulsions forcées dans les camps.

Un autre avocat, Mario Joseph, du Bureau des avocats internationaux (Bai), s’est vu également en grande difficulté.

Samia Salomon, dans la ville des Cayes, a été obligée de prendre le maquis pour échapper aux attaques qu’elle subissait, après avoir accompagné en justice un jeune garçon de 11 ans, violé par un policier de l’Unité départemental de maintien d’ordre (Udmo).

Malia Appolon, coordonatrice du Comité des femmes victimes (sigle créole Kofaviv) s’est réfugiée à l’étranger à cause des menaces reçues parce qu’elle défendait des victimes de viols.

Romilus Gilles, un autre membre d’une organisation de droits humains, dénommée Vision haïtienne pour les droits l’homme, a laissé momentanément sa maison pour échapper à des attaques meurtrières contre sa personne.

Plus de dix mois après que des individus armés ont assassiné froidement le couple Daniel Dorsinvil, coordonateur général de la Pohdh et sa femme, l’avocat Jaccéus Joseph, lié à la plateforme, a échappé de justesse à une attaque d’individus non identifiés. Ses agresseurs ont pris sa voiture, son ordinateur portable ainsi que des documents personnels.

Cette action est survenue le 23 novembre dernier non loin du Champs de mars au centre de la capitale.

Maitre Jaccéus milite au sein du groupe assurance juridique sigle créole (Gaj), qui est l’un des fondateurs de la Pohdh. [jep kft gp apr 15/12/2014 10:00]