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Haïti-Droits humains : Des manifestants demandent justice et réparation en faveur des personnes arborant des dreads et violentées par des policiers

P-au-P, 03 déc. 2014 [AlterPresse] --- Plus d’une centaine de manifestants, pour la plupart des personnes arborant des dreads, ont exigé, ce mercredi 3 décembre 2014, justice et réparation en faveur des personnes violentées par des agents de l’Unité départementale de maintien d’ordre (Udmo), qui se sont arrogé le droit de couper leurs tresses (coiffures ostensibles se référant, parfois, au mouvement rasta), a observé l’agence en ligne AlterPresse.

« Nous allons déposer une plainte très prochainement. Nous avons plusieurs bureaux d’avocats, qui nous accompagnent. Nous allons mener cette affaire au plus haut niveau possible », annonce International dread (I-dread) dans un message délivré à la fin de la manifestation du mercredi 3 décembre.

Guerchang Bastia, porte-parole de I-dread, demande aux autorités policières de diligenter une enquête pour identifier, au sein de la Police nationale d’Haïti (Pnh), les bandits qui violent les droits humains, afin de les traduire par-devant la justice.

L’office de la protection de la citoyenne et du citoyen (Opc) doit émetrre, dans l’immédiat, une position publique, pour condamner ces actes malhonnêtes et repréhensibles, commis par des policiers nationaux contre des citoyens paisibles arborant des dreads, réclame International dread.

Parmi les victimes d’agents de la Pnh, figure Adler Pierre, dans la vingtaine, qui a eu les dreads coupés de force par un groupe de 6 agents de l’Udmo à Portail Léogane (banlieue sud de la capitale), dans la journée du jeudi 27 novembre 2014.

« Nous avons le droit d’arborer des dreads. Les dreads ne seront pas coupés », lâche Guerchang Bastia.

La manifestation a parcouru plusieurs quartiers à Port-au-Prince, dont le Portail Léogane, le Boulevard Jean-Jacques Dessalines, les rues de Champ de Mars, Montalais, Monseigneur Guilloux pour aboutir devant l’Ecole nationale des arts (Enarts), son point de départ.

« Empressons- nous de le renverser. Martelly affirme vouloir couper les dreads avant son départ. Les Rasta ont le droit de revendiquer librement », scande la foule enthousiasmée, lors de la manifestation, escortée par des agents du Corps d’intervention et de maintien de l’ordre (Cimo).

« Je me sens insulté. Nous n’en pouvons plus. Je n’ai pas de dread, mais je n’en ai pas besoin pour être touché par la mobilisation », exprime un manifestant, se demandant comment inviter un groupe de touristes dreads à venir en Haïti, alors qu’on coupe les dreadslocks.

« Le corps de la personne lui appartient. Elle a le droit de faire des dreads. Ceci ne porte aucune atteinte à l’autre », fait-il remarquer.

« Les policiers outrepassent leurs droits. Quand vous coupez le dread de la personne, vous en faites un frustré. Si elle n’était pas un bandit, elle peut le devenir à cause de cet abus », estime un manifestant, fier de porter des dreads.

« Si Martelly veut s’opposer aux personnes arborant des dreads, il s’opposera également à toutes les personnes ayant des dreads dans le monde », met en garde un autre.

Les personnes avec des dreads prêchent la paix, l’unité, la sagesse et l’amour, dit-il. [emb kft rc apr 03/12/2014 14:30]