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Haïti-Politique : Martelly annule une rencontre officielle et symbolique avec les 33 de l’Académie du Créole

L’installation au 4 décembre 2014, maintenue par le comité de l’Akademi kreyòl ayisyen

P-au-P, 03 déc. 2014 [AlterPresse] --- Le président de la république Joseph Michel Martelly ne recevra pas, dans l’enceinte (des ruines) du palais national, ce mercredi 3 décembre 2014, les 33 Académiciennes et Académiciens du Créole haïtien, contrairement à ce qui était prévu, apprend AlterPresse.

Martelly a allégué d’un agenda chargé (à cause de la crise politique) pour expliquer l’annulation, à la dernière minute, de cette rencontre.

Il a aussi demandé un renvoi de l’installation (fixée au 4 décembre 2014) des 33 Académiciennes et Académiciens, indique à AlterPresse le secrétariat exécutif du comité de l’Akademi kreyòl ayisyen (Aka).

Le comité a refusé cette requête.

L’installation aura lieu à Pétionville (à l’est de la capitale), sans la présence de Martelly, confirme-t-on à AlterPresse.

Le comité affirme ne pas avoir encore eu de réponse quant à sa demande, formulée à Martelly, pour la participation d’un représentant de l’exécutif à la cérémonie du 4 décembre 2014.

L’installation des 33 Académiciennes et Académiciens du Créole haïtien était initialement attendue pour le mardi 28 octobre 2014, journée internationale de la langue et de la culture Créoles.

Le comité de l’Akademi kreyòl ayisyen a passé un trait sur la date du 28 octobre 2014, en attendant que Martelly puisse prendre part à cet événement hautement symbolique.

Michel Martelly a souvent eu une attitude controversée par rapport au Créole haïtien.

Plusieurs secteurs l’ont même accusé d’avoir des préjugés à l’encontre de cette langue, marginalisée pendant des siècles, en raison de la lenteur observée dans la publication de la loi sur l’Akademi kreyòl ayisyen.

Martelly n’a fait cette publication qu’un an après le vote du parlement, après avoir, dans l’intervalle, contesté ce vote (sous prétexte d’une absence de document en Français), poussant les deux chambres à revoter la loi dans les mêmes termes.

Les 18 et 19 février 2013, lors de la 24e rencontre intersessionnelle de la Communauté économique des Caraïbes (Caricom) en Haïti, Martelly a fait la proposition du Français, comme langue de travail de l’organisation régionale, au lieu du Créole.

Un non-sens, tout de suite dénoncé par des universitaires et promoteurs du Créole, puisque seule la république d’Haïti a le Français pour langue officielle au sein de la Caricom, alors que plus de la moitié de la population de l’organisation régionale parle le Créole.

Il a été, finalement, décidé d’introduire l’interprétation française, lors des réunions de la communauté caribéenne.

Lors d’un point de presse conjoint, le vendredi 31 octobre 2014, avec le président de la république française, François Hollande, Martelly n’a pipé mot, lorsque son homologue a déclaré qu’il ne voudrait « pas que ce qui fait l’identité d’Haïti, la langue française, puisse se perdre ».

Toutefois, en dépit de cette position politique de l’administration politique en place, cinq femmes et 28 hommes prendront officiellement, le jeudi 4 décembre 2014, la charge d’orienter l’utilisation de la langue Créole, écrite et parlée, dans les institutions publiques et privées en Haïti.

Elles et ils devront compléter l’Akademi kreyòl ayisyen à 55 personnalités, tout en prenant des dispositions pour que le peuple haïtien obtienne les services utilisant la langue Créole, notamment de l’État, pendant que la Constitution reconnaît deux langues officielles, le Créole et le Français. [apr 03/12/2014 10:15]