P-au-P, 28 nov. 2014 [AlterPresse] --- Une vingtaine d’organisations, dont la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh), appellent à la vigilance et à la responsabilité citoyenne pour éviter que la crise pré-électorale actuelle empire.
Ces organisations mettent, particulièrement, en avant les éventuelles conséquences d’une aggravation de cette crise sur la situation socio-économique du pays, dans une déclaration commune, rendue publique le 27 novembre 2014 et que s’est procurée l’agence en ligne AlterPresse.
Le président Joseph Michel Martelly devrait annoncer, bientôt, sa position finale pour résoudre la crise, après voir mis fin à une série de consultations, avec des secteurs socio-politiques, qu’il a entamées le lundi 22 septembre 2014.
Au long de ces consultations, Martelly a tenté vainement de discuter avec la branche radicale de l’opposition politique, qui lui réclame, avant tous pourparlers, des signaux clairs d’apaisement, comme la libération de plus d’une vingtaine de prisonniers politiques, incarcérés sur base d’arguties judiciaires, évidemment peu crédibles et obéissant aux vues gouvernementales.
L’opposition politique, partiellement incarnée par six partis politiques et six sénateurs ayant refusé de voter des amendements à la loi électorale, adopte une stratégie de mobilisation dans les rues.
Tôt, dans la matinée du 28 novembre 2014 [1], des traces de barricades de pneus usagés enflammés étaient visibles dans des quartiers du nord de la capitale, quelques heures avant une nouvelle manifestation antigouvernementale, projetée par l’opposition politique.
Une vingtaine de manifestants, arrêtés en octobre 2014, croupissent toujours en prison. Ce qui vient allonger la liste de revendications de l’opposition politique.
Les organisations signataires de la déclaration appellent l’exécutif à écarter les « actes politiques », susceptibles d’entraver l’exercice des droits démocratiques de l’opposition, telles les détentions arbitraires.
« Les différents protagonistes [doivent] dépasser leurs intérêts claniques et leurs chapelles politiques pour prioriser les intérêts de la nation haïtienne », écrivent-elles, appelant les trois pouvoirs à discuter avec les secteurs socio-politiques du pays.
Les 20 organisations appellent également à la vigilance pour éviter « toute forme de gouvernance anti-démocratique ».
En janvier 2015, sans un parlement fonctionnel, Martelly pourrait concrétiser sa tentation et celle de toute son équipe gouvernementale de diriger par décrets et de passer aoutre aux exigences démocratiques. Une option, que l’opposition politique refuse d’envisager.
Le 17 novembre 2014, tous les sénateurs, actuellement en poste, ont affiché leur intention de rester en fonction après le deuxième lundi (lundi 12) de janvier 2015, date du terme de mandat de 10 d’entre eux. [apr 28/11/2014 7:15]
[1] La date du 28 novembre 2014 rappelle le 34 e anniversaire de la rafle de journalistes et de plusieurs militantes et militants politiques, le vendredi 28 novembre 1980, sous la dictature de Jean-Claude Duvalier qui les a accusés de « communistes ». C’est également le 29e anniversaire de l’assassinat, par des sbires de Duvalier aux Gonaïves (à 171 km au nord de Port-au-Prince) des écoliers Jean Robert Cius, Daniel Ismael et Mackenson Michel), au cours d’une manifestation antigouvernementale le vendredi 28 novembre 1985.