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Haïti : Grogne encore à Petit-Goâve, plus d’un mois après sa mise sous tutelle par l’administration centrale

Petit-Goâve, 28 nov. 2014 [AlterPresse] --- La grogne demeure à Petit-Goâve (à 68 km au sud de la capitale, Port-au-Prince), plus d’un mois après l’installation des agents intérimaires de l’exécutif dans la municipalité, placée sous tutelle par le Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict), dans la perspective de pacifier la ville, selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.

Au début de la matinée de ce vendredi 28 novembre 2014, un calme apparent règne à Petit-Goâve, après trois jours successifs de manifestation, les mardi 25, mercredi 26 et jeudi 27 novembre 2014. Les écoles fonctionnent. Les activités globales semblent reprendre un cours normal.

Des manifestants ont porté plusieurs établissements scolaires à suspendre les cours, lors de la démonstration du jeudi 27 novembre.

Un habitant de Petit-Goâve a été blessé, des pare-brise de véhicules brisés : tel est le bilan partiel des trois jours successifs de protestation, durant la dernière semaine de novembre 2014.

Des manifestants ont usé de tessons de bouteilles, le jeudi 27 novembre 2014, pour faire face aux gaz lacrymogènes lancés par les agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh), notamment à la Rue Benoît (dans la deuxième section communale de Petit-Goâve), à proximité du marché public dénommé Seradòt.

Des tirs sporadiques d’armes à feu ont été entendus à Petit-Goâve, dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 novembre.

« Depuis l’installation de ce (nouveau) conseil d’administration, c’est notre quatrième manifestation. Nous voulions voir si les responsables de l’Etat avaient la volonté de résoudre la crise. Ce qu’ils n’ont pas fait. Aussi, devrons-nous emprunter une autre stratégie de mobilisation nationale afin de renverser le pouvoir », indique à AlterPresse Nosalito Soliman, porte-parole du mouvement de rassemblement de Petit-Goâve.

La ville de Petit-Goâve a vécu plusieurs moments de panique, au cours du mois d’octobre 2014, forçant l’administration centrale à précipiter le départ de la principale agente intérimaire de la commune, Sandra Jules. La commune est mise sous tutelle administrative et financière.

Un comité de gestion est composé de fonctionnaires du Mict : Marc Chavannes à titre de président, assisté de Philippe Gareng et de Elvenson Nelson.

Le Mict a délégué à ces trois fonctionnaires la tâche de favoriser la mise en place de conditions, propices au fonctionnement régulier de la commune et à la reprise des activités courantes.

Une décision, qui aurait fait des mécontents au sein de la population de Petit-Goâve.

« La population est fâchée par rapport à la mise sous tutelle de Petit-Goâve. La ville a des gens formés, qui n’ont jamais participé dans des actes arbitraires. Nous allons poursuivre la mobilisation », renchérit Soliman.

Le président de la chambre basse, le député Jacques Stephenson Thimoléon, originaire de Petit-Goâve, a fait valoir son désaccord sur la décision du Mict pour la gestion de la municipalité, implicitement sur le renvoi de sa « protégée Sandra Jules », auprès du bureau du premier ministre Laurent Salvador Lamothe.

Joint au téléphone par AlterPresse, Thimoléon n’a pas voulu piper mot sur les nouveaux développements de la situation, cette semaine, à Petit-Goâve, arguant qu’il venait de rentrer de voyage.

Cependant, « la bataille de Petit-Goâve n’est pas une lutte armée. Au contraire, la population réclame une autre gestion et un autre mode d’administration de la ville de Petit-Goâve », clame, de son côté, Nosalito Soliman.

Les protestataires exigent un audit, au sein de l’administration municipale de Petit-Goâve, par la Cour supérieur des comptes et du Contentieux administratif (Cscca) ainsi que l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc).

Ils réclament également la libération des prisonniers politiques, parmi lesquels figurent deux manifestants.

La mobilisation continuera, tant que l’administration centrale ne parviendra pas à résoudre le problème de Petit-Goâve, préviennent-ils.

Il n’était pas possible, à AlterPresse, d’obtenir les impressions des nouveaux agents intérimaires de Petit-Goâve sur les faits de cette dernière semaine de novembre 2014. [jep kft rc apr 28/11/2014 10:15]