Commentaires de Daniel Simidor,
Soumis à AlterPresse le 27 septembre 2004
J’ai beaucoup apprécié l’éditorial de la fraction "Convergences Révolutionnaires" repris par AlterPresse [1]. Cela est tout à fait raison : la misère ne vient pas du ciel, mais plutôt de l’activité prédatrice des grandes puissances et de notre bourgeoisie locale parasitaire. Une petite correction : les paysans coupent des arbres pour en faire du charbon, mais du charbon ils en consument très peu.
La paysannerie pratique traditionellement le "grapillage" des branches mortes pour la cuisson de leurs mets. Ce sont des courtiers à la petite semaine qui parcourent les campagnes et qui, véritables avocats du diable, entichent des paysans endettés, ruinés, en proie à la maladie et à l’urgence, à se mutiler ou presque par la coupe des rares arbres fruitiers qui faisaient vivre leur famille.
Il faut aussi remarquer que le charbon ne sert pas seulement à la cuisine en ville, mais reste le carburant de choix pour les boulangeries, les "dry cleaning", les restaurants, certains hotels et petites entreprises.
Il est à noter que si le commerce du bois d’ébène (l’esclavage) "a pu construire la puissance économique" de la France, c’est surtout le commerce vers l’Europe des bois précieux, de construction et de teinture, à peu près la seule source de devises concédée au nouvel état nègre dans la division internationale du travail par les puissances impérialistes, tout au cours 19ème siècle, qui paracheva la destruction de la forêt tropicale.
Mais c’est surtout la lourde "dette de l’indépendance", cette infâme indemnité soutirée par la France à ses anciens esclaves, qui ferma la porte au développement en Haiti, en rendant impossible toute accumulation primitive du capital social nécessaire à l’industrialisation.
Aujourd’hui, la restitution de cette indemnité, estimée en monnaie actuelle à un minimum de 4 milliards de dollars (Aristide parla de 21 milliards ... et 48 centimes, avant son départ forcé vers la République Centrafricaine), peut seule sauver Haiti d’un effondrement certain.
L’opinion française consentira-t-elle à cette obligation morale, sans laquelle tout expression de remords pour cinq siècles d’esclavagisme, de colonialisme et de néocolonialisme français ne serait qu’hypocrisie ?
Daniel Simidor Karioka9@arczip.com
[1] Reference de l’article commente : http://www.alterpresse.org/articles.php3?id_article=1731.