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Haïti-Genre : La violence sur les femmes, principale source d’instabilité dans les familles, selon le ministère à la condition féminine

P-au-P, 25 nov. 2014 [AlterPresse] --- La violence sur les femmes constitue la principale source d’instabilité dans les familles haitiennes, relève la titulaire du Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf), Yanick Mézile, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, célébrée ce 25 novembre.

La violence à l’égard des femmes représente un handicap pour les promotions sociales et économiques des femmes, en ce qui concerne leur participation au développement des communautés, souligne la ministre, lors d’une conférence de presse, le 24 novembre 2014, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

Inauguré le 25 novembre 2013, le bureau de lutte contre les violences faites aux femmes du ministère a reçu 1,050 femmes victimes d’actes de violences dans les familles, selon un bilan dressé pour l’année 2013-2014.

Une assistance juridique auprès des tribunaux a été donnée à 275 femmes victimes d’actes de violences. 128 d’entre elles, ayant eu un traumatisme suite à ces violences, ont reçu une assistance psychosociale.

Les filles et les femmes continuent de subir des violences dans les coins et recoins du pays, notamment au Plateau Central, où des adolescentes âgées entre 12 et 15 ans deviennent mères, constate-t-elle.

« Quand les femmes sont sous la responsabilité économique des hommes, ces derniers ne les respectent pas. Nous ne voulons pas dépendre des hommes, nous voulons aussi travailler », témoigne, en marge de cette conférence, Madjeta Pierre, une mère de trois enfants.

Âgée de 17 ans, Odnar Bernard rapporte, pour sa part, avoir été abandonnée par le père de son enfant, âgé de 26 ans, tout de suite après sa grossesse.

Elle dit avoir été l’objet de violences verbales, de la part de son amant ainsi que de sa famille.

La conscience de la violence faite aux femmes

Il y a, de plus en plus, une prise de conscience de la population, notamment dans les familles, sur la problématique des violences faites aux femmes, signale Olga Benoit, chargée de programme de la Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa) et de l’axe de la lutte contre la violence faite aux femmes.

D’année en année, le nombre de femmes, portant plainte pour violences subies des hommes, augmente même dans les cas de violences conjugales, indique la Sofa.

Il existe beaucoup plus d’acteurs, d’institutions, d’organisations de femmes et de médias, qui manifestent un intérêt particulier par rapport aux violences faites aux femmes, applaudit-elle, appelant les secteurs concernés à continuer de travailler pour conserver les acquis et avancées, réalisés, par exemple, au niveau du cadre juridique.

La violence physique sur les femmes a, en apparence, un peu diminué, note la coordonnatrice nationale du mouvement des femmes du parti politique Organisation du peuple en lutte (Opl), Eunide Innocent, jointe au téléphone par AlterPresse.

Cette situation serait due aux sanctions prévues par la loi contre les hommes, estime-t-elle, misant sur une parité entre les deux sexes pour faire disparaître les violences exercées par les hommes contre les femmes.

« Les violences en Haïti sont exercées sur toutes les catégories de femmes. Malheureusement, il y a des femmes qui, pour des questions d’éthique, ne veulent jamais parler des pressions qu’elles subissent », fait remarquer la coordonnatrice du mouvement des femmes au sein de l’Opl.

Absence d’assistance légale gratuite, lenteur dans les dossiers de justice et banalisation des violences faites aux femmes figurent parmi les difficultés rencontrées par les femmes dans leur démarche de justice, déplore Olga Benoit de la Sofa.

Un projet de loi-cadre, sur les violences faites aux femmes, tarde encore à voir le jour, rappelle-t-elle, plaidant pour l’établissement de mécanismes et d’outils nécessaires pour la livraison rapide de certificats médicaux (standards) gratuits en faveur des femmes victimes de violences.

Le projet de loi en question est « fin prêt », assure la ministre Yanick Mézile, lors de la conférence du 24 novembre 2014.

« Le Mcfdf va réaliser un atelier avec les organisations de femmes et féministes, pour qu’elles puissent donner leur point de vue sur ce projet de loi avant de l’acheminer à la primature », promet-elle.

Des peines importantes, pour les coupables de violences contre les femmes, figurent dans cet avant-projet de loi. [emb kft gp apr 25/11/2014 00:10]